Il y a quelques jours, une équipe d’astronomes nous présentait la première photo d’un trou noir jamais capturée, dans le cadre du projet Event Horizon Telescope. Mais ce n’est qu’un début. Nous pourrions bientôt avoir un « film » de l’objet.
La semaine dernière, l’incroyable photo du trou noir posté au centre de la galaxie Messier 87 (M87) a fait le tour du monde. À juste titre. Une véritable prouesse technique qui révolutionne désormais le domaine de l’astrophysique. Mais le travail n’est pas terminé. Les astronomes sont toujours à l’œuvre et promettent, bientôt, un premier film de ce gaz chaud qui encercle l’ombre du trou noir. C’est du moins ce qu’ont déclaré les responsables du projet ce dimanche (14 avril) à la réunion d’avril de l’American Physical Society.
Le voir engloutir la matière en temps réel
Le projet Event Horizon Telescope intègre en effet non pas un, mais de nombreux radiotélescopes disséminés autour du globe et travaillant de concert. Mais la composition technique n’est pas figée, et d’autres instruments individuels pourront bientôt venir « donner un coup de main » supplémentaire. La définition des images devrait alors augmenter. À mesure que plusieurs instantanés seront mis bout à bout, un film de l’objet pourra ensuite nous être proposé.
« Il se trouve que même maintenant, avec ce que nous avons, nous pourrions peut-être examiner les signatures en rotation [preuve du disque d’accrétion tournant autour de l’horizon des événements], a déclaré Shep Doeleman, astronome américain de l’Université de Harvard. Ensuite, si nous avions beaucoup plus de stations, alors nous pourrions vraiment commencer à voir des films en temps réel de l’accroissement et de la rotation du trou noir ».
Car, qu’on se le dise, être capable de « voir » ce trou noir bouger n’est pas une mince affaire. Cet objet est énorme : 6,5 milliards de fois plus massif que notre étoile. Faire le tour d’un tel objet – dont le diamètre équivaut à environ 7 ou 8 fois la distance qui sépare Pluton du Soleil – prend donc du temps.

« L’échelle sur laquelle [M87] change sensiblement est supérieure à un jour », poursuit le chercheur. Pour faire un film, les chercheurs devront donc être capables de prendre plusieurs instantanés, à quelques jours ou semaines d’intervalles. « Nous pourrions le faire sur sept semaines environ, et obtenir sept images d’un film. De cette façon, nous pourrions voir quelque chose bouger ».
Une autre cible en vue
On note également que le trou noir de M87 n’est pas le seul objet qui nous intéresse. Les astronomes n’ont en effet pas oublié Sagittarius A *, le trou noir supermassif au centre de notre Galaxie. Une première image de l’objet pourrait d’ailleurs bientôt être proposée. Pour un film en revanche, les choses devraient se compliquer un peu plus, quand bien même ce trou noir est plus proche. Sagittarius A * est en effet environ 1 000 fois moins massif. L’image change donc 1 000 fois plus rapidement. Ceci, note le chercheur, implique de devoir développer un algorithme fondamentalement différent.
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