Avec très peu de moyens, des chercheurs sont parvenus à recréer en laboratoire le dangereux virus de la variole

Modèle de cire représentant les lésions de la variole chez un garçon de 15 ans. Crédits : Historical Collections Division ; National Museum of Health and Medicine, Washington, DC

Avec un financement et des moyens techniques limités, des chercheurs canadiens sont parvenus à synthétiser une souche active du virus de la variole, une terrible maladie totalement éradiquée en 1977. Une souche de cette maladie pourrait désormais entrer dans la composition d’une nouvelle arme bactériologique.

En 2010, le monde entier fêtait les 30 ans de l’éradication de la variole de la surface du globe, intervenue officiellement le 26 octobre 1977, date du dernier cas connu localisé en Somalie. Cette maladie se caractérise principalement par une sorte de « mouchetage » de pustules (éruption vésiculo-pustuleuse). Durant le XXe siècle seulement, près de 300 millions de personnes sont mortes à cause de la variole.

Assisterons-nous à un retour de cette maladie ? En effet, les virologues David Evans et Ryan Noyce de l’Université d’Alberta (Canada) ont voulu montrer qu’il était possible de créer des agents pathogènes pour l’humanité avec assez peu de moyens techniques et financiers. Comme l’indique une publication dans la revue Science du 6 juillet 2017, les chercheurs ont choisi le virus de la variole.

Ainsi, les recherches menées ont permis de recréer en laboratoire un des virus les plus dangereux connus, dont la souche virale est très complexe, avec seulement 100.000 dollars de budget et du matériel génétique commandé sur Internet, à savoir les fragments d’ADN nécessaires à l’expérience.

Comme l’indique le rapport (PDF en anglais / 58 pages) issu d’une conférence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) portant sur la variole, qui s’est déroulée du 2 au 3 novembre 2017 à Genève (Suisse), l’expérience menée par les chercheurs canadiens n’avait « pas requis de connaissance ou d’expertise biochimique exceptionnelles, ni d’investissement ou de temps particulièrement importants », une déclaration plutôt inquiétante.

Les chercheurs ont créé une souche équine (cheval) mais il serait éventuellement possible d’obtenir une souche humaine du virus avec des moyens similaires. Cette expérience montre qu’il est effectivement possible de recréer de dangereux virus avec peu de moyens et lorsque l’on imagine leur utilisation dans le cadre d’armes biochimiques, cette perspective est alarmante. Si les chercheurs y voient plutôt une occasion d’élaborer de nouveaux vaccins, la crainte du bioterrorisme est tout de même compréhensible.

Sources : Science & Vie – Sciences et Avenir – Le Figaro