cellule cancéreuse
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Et si les travaux de ces géologues pouvaient également aider à la lutte contre le cancer ?

Certains géologues étudient le passé de la Terre à l’aide d’un indice particulier : la proportion entre l’hydrogène et le deutérium. Or, ce même indice pourrait également aider à démasquer des cellules cancéreuses. En revanche, de plus amples recherches doivent être menées pour prouver cette hypothèse.

50 % d’atomes de deutérium en moins

L’analyse de la proportion entre l’hydrogène et le deutérium, des isotopes, permet aux géologues d’étudier le passé de notre planète. Rappelons que l’on compte un atome de deutérium pour 6 420 atomes d’hydrogène. Or, il est possible de retracer les évolutions du climat en analysant par exemple les variations de ce rapport isotopique dans la glace millénaire en Antarctique. Et s’il était possible d’avoir également recours à cet indice pour lutter contre le cancer ? Cette hypothèse est celle d’une étude pilotée par le département de géosciences de l’Université de Princeton (États-Unis) et publiée dans la revue PNAS le 6 mai 2024. Les chercheurs ont ainsi tenté de comprendre si le rapport isotopique de l’hydrogène pouvait aussi constituer une sorte d’empreinte du cancer.

deutérium atome
Crédits : Norwegian Digital Learning Arena (NDLA)

La science savait déjà que grâce à leur métabolisme particulier, les cellules cancéreuses produisent de l’énergie par fermentation, et ce, sans oxygène. Cette capacité se retrouve notamment au niveau de la levure de bière. Or, la plupart des cellules du corps fonctionnent grâce à la respiration, c’est-à-dire avec l’oxygène inspiré par les poumons et transporté par le sang. Les chercheurs de l’étude ont alors cultivé des levures et des cellules de foie de souris afin d’analyser leur contenance en hydrogène au moyen d’un spectromètre de masse.

Selon les résultats, les cellules de levure en fermentation contenaient en moyenne 50 % d’atomes de deutérium en moins que les levures normales. Quant aux cellules cancéreuses, elles étaient, à une échelle moins importante, également concernées par une quantité moindre de deutérium.

Des recherches prometteuses à poursuivre

Selon les responsables de l’étude, l’explication aurait un rapport avec le fonctionnement d’enzymes jouant un rôle dans la synthèse des acides gras et agissant sur l’état d’oxydation du Nicotinamide Adénine Dinucléotide Phosphate (NADP+/NADPH). Autrement dit, ce type d’agent moléculaire puiserait de manière différente dans les atomes d’hydrogène selon l’activité des cellules. Dans l’attente d’une confirmation, ces travaux laissent penser que le rapport deutérium/hydrogène peut permettre de détecter la différence de métabolisme entre les cellules qui pratiquent la fermentation, dont les cellules cancéreuses, et celles qui fonctionnent grâce à la respiration.

Or, dans le cas où ce signal isotopique soit suffisamment important pour être détecté au moyen d’une prise de sang à des fins d’analyse, celui-ci pourrait révéler la présence d’un cancer. Ces recherches sont intéressantes dans la mesure où si l’on détecte un cancer de manière précoce, les chances de survie sont généralement plus élevées. Néanmoins, les scientifiques estiment que d’autres recherches sont nécessaires pour prouver définitivement la présence de ce signal dans le corps humain. En effet, le signal a pour l’instant seulement été détecté  dans des cellules de foie de souris.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.