Une récente étude présentée il y a quelques jours lors de la réunion annuelle de l’American Society of Nephrology suggère que les États-Unis jettent chaque année à la poubelle beaucoup de reins. Or ceux-ci, comme nous le montre le modèle français, pourraient être viables et sauver des milliers vies.
Il y aurait aux États-Unis près de 100 000 Américains actuellement sur liste d’attente pour un rein. Nous arrivons bientôt au terme de cette année, et pour l’heure, seules 16 000 personnes ont eu la chance de pouvoir bénéficier d’un rein viable. Les États-Unis pourraient-ils faire mieux ? Incontestablement, oui, révèle une étude menée conjointement par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie et du Centre de recherche translationnelle pour la transplantation d’organes de Paris. Faire mieux d’accord, mais alors comment ?
Les chercheurs ont pour cette étude analysé les données de registres de greffes d’organes aux États-Unis et en France entre 2004 et 2014. Durant cette période, près de 156 000 reins aux États-Unis et environ 30 000 reins en France ont été prélevés pour des greffes. Il en ressort que l’âge moyen des donneurs de rein décédés aux États-Unis était de 36 ans, contre 51 ans en France. Mais pourquoi une telle différence ?
Pour envisager une greffe de rein, les médecins déterminent si un organe est viable ou non en s’appuyant sur une norme de qualité : le profil du donneur de rein. Un certain nombre de facteurs sont alors pris en compte, tels que l’âge ou l’état de santé du donneur. Ce que propose le modèle français, c’est ici de considérer comme viables – à raison – des reins « plus âgés », qui aux États-Unis seraient jugés non viables, car trop risqués. Le problème est qu’en réfléchissant ainsi, les médecins américains se privent de reins viables – environ 2 000 chaque année – qui pourraient potentiellement sauver des vies.
«La pénurie mondiale d’organes destinés à la transplantation est un problème de santé publique majeur. Aux États-Unis seulement, environ 100 000 personnes attendent une greffe de rein, explique Alexandre Loupy, du Centre de recherche translationnelle de Paris pour la transplantation d’organes. De nouvelles solutions créatives sont nécessaires pour répondre à cette préoccupation. En comparant les pratiques de greffe dans deux pays, nous fournissons de nouvelles preuves selon lesquelles les organes de donneurs décédés plus âgés constituent une ressource précieuse sous-utilisée».
Les problèmes de greffes de reins se présentent ainsi un peu comme ceux de la nourriture, trop souvent gâchée. Beaucoup d’aliments se retrouvent en effet à la poubelle, car jugés « plus assez bons », alors qu’ils pourraient nourrir des milliers de personnes affamés.
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