Transplantation de tĂȘte : pourquoi le patient a peu de chances de survivre

Alors que le neurochirurgien Sergio Canavero prĂ©voit la premiĂšre transplantation de tĂȘte humaine Ă  la fin de l’annĂ©e 2017, une autre experte en neurochirurgie tire la sonnette d’alarme concernant la survie du patient qui lui semble plus qu’improbable.

Sur son nouveau site Internet, le neurochirurgien italien Sergio Canavero annonce que la premiĂšre transplantation de tĂȘte humaine se fera au mois de dĂ©cembre de cette annĂ©e. Ce dernier a indiquĂ© que l’intervention sera pratiquĂ©e par le neurochirurgien Ren Xiaoping de l’UniversitĂ© mĂ©dicale de Harbin (Chine), une dĂ©claration disponible dans la vidĂ©o en fin d’article.

Le protocole nommĂ© Heaven (head anastomosis venture) mis au point par Sergio Canavero sera appliquĂ© et consistera Ă  transplanter la tĂȘte d’un patient tĂ©traplĂ©gique sur le corps d’un donneur dĂ©cĂ©dĂ©. Le but est d’obtenir une tĂȘte fonctionnelle sur un corps Ă©galement fonctionnel. Outre les Ă©videntes questions Ă©thiques que cette opĂ©ration pose, il existe Ă©galement des problĂšmes techniques importants.

InterrogĂ©e par Sciences et Avenir, la neurochirurgienne Marike Broekman de l’École de MĂ©decine de l’UniversitĂ© de Harvard (États-Unis), Ă©galement prĂ©sidente de l’Ethico-legal Committee of the European Association of Neurosurgical societies (EANS), ne cache pas son inquiĂ©tude et indique que la mĂ©decine n’est prĂȘte « ni techniquement ni psychologiquement ». L’intĂ©ressĂ©e explique que « dans l’état actuel des choses, cette procĂ©dure n’amĂ©liorera pas la santĂ© du patient, car il est peu probable qu’il retrouve une fonction neurologique, ni mĂȘme qu’il survive. »

La spĂ©cialiste Ă©voque Ă©galement le cas des organes du corps du donneur qui seraient perdus alors que ces derniers pourraient servir Ă  des transplantations bien plus utiles chez d’autres patients dans le besoin. Pour Marike Broekman, les questions techniques de la transplantation de tĂȘte sont un obstacle : « Il faut protĂ©ger le cerveau du receveur pendant l’intervention, puis reconnecter la moelle Ă©piniĂšre, les nerfs, les vaisseaux sanguins… faire en sorte que le corps ne rejette pas la greffe par de lourds traitements immunodĂ©presseurs, sans compter la gestion des douleurs postopĂ©ratoires. »

Selon l’experte, la plus grande difficultĂ© est de « reconnecter la moelle Ă©piniĂšre avec succĂšs pour retrouver un bon fonctionnement neurologique », soulignant Ă©galement l’absence de « donnĂ©es prĂ©cliniques valables » allant dans ce sens.

Sources : Sciences et Avenir – FredZone