Aussi incroyable que cela puisse paraître, un petit pays asiatique représente à lui seul la moitié du trafic de l’application Facebook Messenger : le Cambodge. Comment cela s’explique-t-il ? Ce mystère a occupé les experts durant un bon moment. La raison se trouve en réalité dans la complexité de la langue du pays.
Un mystère très opaque
Le Cambodge est un petit pays d’Asie coincé entre la Thaïlande, le Laos et le Vietnam. Comme l’explique un article de Rest of World du 12 novembre 2021, Facebook a eu du mal à résoudre une énigme concernant ce pays de 17 millions d’habitants. Il faut dire que ce dernier concentre pas moins de 50 % du trafic mondial de la célèbre application Messenger.
Facebook (désormais Meta) a tout d’abord pensé que cet énorme trafic avait un lien avec le niveau d’alphabétisation du Cambodge. Afin d’obtenir davantage de certitudes à ce sujet, le géant a tenté de mener une enquête auprès de la population locale. Toutefois, celle-ci fut un échec, car une seule personne y a répondu comme le montrent les documents provenant de la lanceuse d’alerte Frances Haugen, les fameux « Facebook Files ».
Plus rapide, plus efficace et plus naturel
En réalité, cela s’explique par la complexité de la langue khmère ou plutôt de son système d’écriture qui comporte pas moins de 74 caractères. Très peu de claviers numériques existent et ceux-ci sont plutôt compliqués en termes d’utilisation. Au vu du nombre de signes, chaque touche contrôle deux signes à la fois ce qui représente au final un véritable casse-tête. Aujourd’hui, des claviers plus avancés existent, mais ils ne sont pas préinstallés sur les smartphones.
Rappelons que Facebook est arrivé au Cambodge avec les premiers ordinateurs et un Internet mobile pas forcément accessible à toute la population. Ainsi, les locaux ont pris une habitude aujourd’hui entièrement inscrite dans les mœurs : utiliser les enregistrements vocaux. Une imposante majorité de Cambodgiens utilise en effet ce moyen de communication. Plus rapide, plus efficace et plus naturel, l’oral s’est donc imposé sur Messenger. Ainsi, les conversations à l’écrit sont davantage réservées à la langue anglaise et se déroulent très peu en khmer.
Pas que des avantages
Plusieurs inconvénients en lien avec cette pratique sont présents. Premièrement, il n’est pas facile de retrouver les détails d’une conversation, si bien que les messages sont éphémères. Néanmoins, cette même pratique impacte la langue elle-même, car même les personnes utilisant le khmer à l’écrit se rendent coupables de beaucoup d’approximations orthographiques pour gagner du temps.
Enfin, les questions de modérations sont préoccupantes, notamment en ce qui concerne les fake news. Luon Sovath, moine bouddhiste influant, a par exemple été contraint de quitter le Cambodge après une campagne de diffamation agressive utilisant justement les messages vocaux.