Les traces d’un massacre vieux de 10 000 ans découvertes au Kenya

Crédits : Wikimedia Commons

Une équipe d’archéologues a découvert au Kenya les dépouilles des victimes d’une bataille vieille de dix mille ans. L’un des premiers génocides de l’humanité ?

Il y a 10 000 ans, l’Homme se faisait la guerre. Et ce fut tout aussi sanglant. Une équipe de l’université de Cambridge a en effet découvert les restes fossilisés de 27 squelettes partiels d’une tribu de chasseurs et de cueilleurs au Kenya, à environ 30 km du lac Turkana… La majorité de la tribu aurait alors subi une mort violente, comme en témoignent les traces.

Parmi eux, un homme au genou cassé, et une pointe de flèche fichée dans le crâne. Un autre touché à la tempe et au cou. Une femme les mains brisées, le front fracassé. Certaines, avec leurs enfants, avaient les os cassés et des blessures de flèche dans le cou. L’une d’elles, enceinte, était attachée. On a même trouvé des projectiles de pierre dans le crâne et le thorax de 2 hommes. Le constat est macabre.

Le premier génocide de l’humanité ?

Selon Marta Mirazón Lahr, principale chercheuse de l’étude. Ces restes humains prouvent un génocide intentionnel d’un groupe d’agriculteurs qu’on n’a pas enterré pour servir d’exemple. Elle explique : « C’est la preuve d’une guerre à grande échelle entre des groupes différents parmi les chasseurs et les cueilleurs de l’ère préhistorique ». Selon notre chercheuse, la région, qui est actuellement une garrigue, devait il y a 10 000 ans être une région fertile et boisée sur les rives d’un lagon. Et cette localisation enviable a dû être la source du conflit. Ce massacre aurait alors pu être provoqué pour s’emparer des ressources et du territoire.

Sur les causes de ce conflit, à peu près tout est envisageable, mais difficile d’y voir une simple querelle ayant mal tourné, et les massacres antagoniques concernaient seulement la mort des hommes, car les vainqueurs s’emparaient des femmes et des enfants. Dans le massacre de Nataruk, on a probablement eu très peu de survivants. Sur les 27 personnes mortes, 21 étaient des adultes incluant 8 hommes et 8 femmes. 5 n’ont pas été identifiés, et on a trouvé les ossements de 6 enfants à côté des restes de 4 femmes. Les chercheurs plaident alors en faveur d’un raid d’assaillants sur une population désarmée.

On ignore aujourd’hui qui sont les auteurs de ce massacre, mais notons que l’équipe d’archéologues a découvert des pointes de flèches et de lances qui sont faites en obsidienne, une roche volcanique noire qui n’était pas utilisée par d’autres tribus de l’âge de Pierre dans la région, ce qui suggère que les 2 groupes appartenaient à des territoires différents.

On ne saura jamais les dessous de ce massacre, mais la découverte du plus ancien champ de bataille connu à ce jour suggère que les Hommes se font la guerre depuis la nuit des temps. Et pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui.

Source : Nature / Le Monde