don du sang
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Tout le monde sera-t-il bientôt donneur universel ?

Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs scandinaves ont évoqué un sang universel accessible à tous. L’objectif ? Répondre à la demande croissante en transfusions sanguines. Selon les chercheurs, ce sang universel est possible grâce à une enzyme disponible chez presque tous les humains.

Éliminer les antigènes des globules rouges du sang

Selon l’Établissement Français du sang (EFS), les réserves de sang étaient trop basses en 2022, une situation qui s’est améliorée en 2023. Cette année, l’EFS mise plus que jamais sur la sensibilisation pour rappeler à la population l’urgence que représente le don du sang. Et si un jour, les préoccupations concernant ces réserves et la compatibilité avec les donneurs disparaissaient ? Dans une étude récente pilotée par l’Université technique du Danemark à Kongens Lyngby, des chercheurs évoquent une potentielle solution.

Ces travaux publiés dans la revue Nature Microbiology le 29 avril 2024 concernent une enzyme sécrétée par une bactérie que presque chaque humain possède dans ses intestins : Akkermansia muciniphila. Cette dernière est capable d’éliminer les antigènes des globules rouges, à savoir le facteur qui détermine le groupe sanguin. Ainsi, éliminer ces antigènes permet d’élaborer un sang universel.

Rappelons que chaque groupe sanguin de type A, B ou AB possède des antigènes A et B rattachés aux chaînes d’oligosaccharides (sucres) à la surface des globules rouges. En ce qui concerne le groupe O, il est question d’une absence d’antigène (receveur universel). À l’extrême opposé, les personnes de groupe AB sont des donneurs universels, mais ne représentent en revanche que 5 % de la population.

plaquette sang
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Une innovation bientôt brevetée

Selon les chercheurs, les nouveaux cocktails enzymatiques dont il est ici question ne permettent pas seulement d’éliminer les antigènes A et B. En effet, ils peuvent aussi venir à bout de potentielles variantes étendues jusqu’ici non reconnues comme étant problématiques pour la sécurité transfusionnelle. Un petit mot sur la bactérie Akkermansia muciniphila. Cette dernière, retrouvée souvent dans la muqueuse intestinale humaine, se nourrit à l’aide d’enzymes des mucines, c’est-à-dire les composants majeurs du mucus intestinal. Les auteurs de l’étude ont testé 24 enzymes bactériennes sur des échantillons de sang et ont confirmé leur efficacité. Ainsi, le sang des groupes A et B peut ‘se convertir’ en sang universel.

Les chercheurs affirment être sur le point de produire du sang universel à partir de donneurs du groupe B. En revanche, il faudra patienter un peu plus longtemps pour la conversion du sang de groupe A, plus complexe. En attendant cette finalisation, un dépôt de brevet est en cours pour protéger cette innovation.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.