Des dizaines de personnes ont perdu la vie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en raison de munitions encore intactes qui se trouvent sur les côtes allemandes de la mer du Nord. Au regard de la quantité de bombes qui s’y trouvent, le risque est bien réel, mais une autre menace moins visible se fait sentir.
Un danger pour la vie humaine
Tout d’abord, il est important de définir ce que sont les munitions explosives non explosées (UXO). Il s’agit d’explosifs militaires qui n’ont pas explosé ou pas fonctionné comme prévu. Le terme désigne une longue liste d’armes, notamment les obus d’artillerie, les grenades, les roquettes et d’autres bombes. Ces munitions subsistent donc après une détonation partielle ou manquée et peuvent causer des blessures, voire la mort en cas de manipulation.
Dans un article publié le 10 janvier 2025, le média Popular Mechanics détaille la situation en mer du Nord, au niveau des côtes allemandes. En effet, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de 115 personnes ont perdu la vie (1945-2008) en raison de ces UXO. Il faut dire que cette zone avait reçu un total d’environ 1,3 million de tonnes d’engins durant les deux guerres mondiales.
En première ligne aujourd’hui, nous retrouvons les pêcheurs. Si ces derniers évitent généralement les zones connues, le risque d’attraper des UXO dans leurs filets est bien présent. D’autres travailleurs sont aussi concernés, par exemple ceux des plateformes pétrolières ainsi que les opérateurs responsables de la pose des câbles sous-marins.

Des risques environnementaux difficiles à évaluer
Outre les risques en lien avec la manipulation des UXO, une autre menace plane. En effet, ces munitions polluent la mer du Nord. Plus précisément, les cartouches d’armes chimiques peuvent contenir du chlore et du gaz moutarde. De plus, se pose aussi la question des épaves de guerre coulées près de la Norvège qui contiennent également des munitions polluantes.
Cette menace sur la biodiversité et les écosystèmes est très difficile à évaluer. Néanmoins, si manger un poisson pêché en mer du Nord n’engendre pas de forts risques de développer un cancer, les animaux qui vivent dans la zone peuvent être très impactés. Afin de mieux comprendre le phénomène, des scientifiques sondent les eaux et prélèvent des échantillons. Or, il a été notamment découvert que les tissus musculaires de certains poissons qui vivent près des épaves contenaient des traces de trinitrotoluène (TNT). D’autres travaux ont révélé des taux de cancer et de maladies hépatiques chez les poissons plats comme la sole et la limande.
Rappelons enfin que la présence de ces UXO en mer du Nord résulte en grande partie du désarmement imposé à l’Allemagne nazie par les Alliés à partir de 1945. En effet, ont été établies et cartographiées de grandes zones de déversement. Néanmoins, ces opérations ont été menées dans la précipitation, si bien que des sites plus réduits et plus isolés ont été concernés. Aujourd’hui, les recherches concernant les pollutions en mer du Nord et en mer Baltique sont difficiles, car il est compliqué d’évaluer la part des pollutions en lien avec les UXO face aux autres sources comme les rejets d’industrie, les microplastiques ou encore les pesticides.