Tomorrow Biostasis est une startup allemande concentrée sur la cryoconservation humaine. Son objectif est de vous ramener à la vie une fois la technologie médicale capable de traiter la cause sous-jacente de votre décès. Naturellement, l’entreprise fait faire face à un certain nombre de défis uniques.
La cryoconservation vise à conserver des cellules ou tissus entiers en les refroidissant à très basse température. Après la mort, le corps (ou simplement le cerveau) est ainsi maintenu dans un état de stase jusqu’à ce que la technologie médicale progresse suffisamment pour non seulement traiter la cause initiale de votre décès, mais aussi vous permettre de jouir d’une seconde vie en vous réanimant. La technique est exploitée dans plusieurs films et romans. Dans le monde réel, c’est un peu plus compliqué.
En Europe, Tomorrow Biostasis est la seule entreprise du genre. Juridiquement, la cryoconservation est en effet considérée comme un don du corps à la science, ce qui la rend possible dans la plupart des pays européens.
Une moyenne d’âge de 36 ans
Tout comme les sociétés américaines The Alcor Life Extension Foundation et The Cryonics Institute, Tomorrow Biostasis se concentre sur le long terme. Emil Kendziorra et Fernando Azevedo Pinheiro, les deux fondateurs, gèrent actuellement les contrats, le transport des corps, les communications avec les clients et le développement de la communauté.
L’entreprise travaille également avec deux organisations interconnectées. La Tomorrow Patient Foundation est une organisation privée suisse à but non lucratif. Elle est la tutrice légale du patient cryoconservé. La Fondation européenne Biostasis fournit quant à elle l’installation de soins de longue durée pour les patients à Rafz, en Suisse. À leur arrivée, les patients sont placés dans des compartiments remplis d’azote liquide refroidis à -196°C.
L’entreprise gère une dizaine de personnes déjà cryopréservées à des fins de formation, mais une centaine d’autres sont sur la liste d’attente. La plupart sont assez jeunes, avec une moyenne d’âge d’environ 36 ans. Tous les milieux socio-économiques sont représentés, mais les personnes dans le domaine de la « tech » sont les plus intéressées. La plupart veulent juste préserver leur cerveau, imaginant que ce dernier pourrait un jour s’intégrer dans un nouveau corps imprimé en 3D ou même n’en avoir tout simplement plus besoin.
Les frais de conservation du corps tournent en moyenne autour des 200 000 euros (60 000 euros pour le cerveau). En attendant, dès leur inscription, les clients paient une cotisation de 25 euros par mois. D’après les deux cofondateurs, la plupart des gens choisissent de couvrir les coûts en utilisant leur assurance-vie.
Plusieurs défis
Bien sûr, attendre que les progrès médicaux progressent au point de pouvoir inverser la cause de votre mort n’est pas le seul obstacle à tout ce concept de cryoconservation. En 2016, des scientifiques ont bien fait revivre un cerveau de lapin cryoconservé dans un état presque parfait. Certains organismes modèles reviennent également des températures cryogéniques avec leur mémoire intacte, mais pour l’heure, il n’existe aucun moyen de faire revivre les personnes cryopréservées.
Et si tel était le cas, comment financer une seconde vie ? Ce n’est pas comme si vous pouviez compter sur votre famille proche. Imaginez-vous revenir d’entre les morts des décennies après le décès de vos parents, frères et soeurs et amis. Une organisation à but non lucratif complémentaire pourrait-elle alors collecter des dons, puis verser des revenus aux personnes concernées ? À l’avenir, nous pourrions également profiter d’un revenu de base universel. Ce ne sont que des pistes, mais là encore, il n’y a rien de concret.
Évidemment, proposer quelque chose qui n’arrivera peut-être jamais n’est pas un concept facile à vendre. Malgré tout, certains investisseurs ont tout de même parié sur l’entreprise, conscients que celle-ci ne pourra jamais être vendue (une condition pour investir). Ils reçoivent des dividendes, mais pas de bénéfices sur les ventes. D’ailleurs, certains ont même souscrit à la cryoconservation.