La toile cosmique : la plus grande structure de l’Univers

toile cosmique
La toile cosmique apparaît dans les simulations de l’univers utilisant le modèle standard de la cosmologie, comme celui-ci. Crédits : V.Springel, Max-Planck Institut für Astrophysik, Garching bei München

L’Univers est un lieu avec proportions inimaginables peuplé d’objets aux tailles vertigineuses. Parmi ces merveilles cosmiques, la toile cosmique se distingue comme la plus grande structure connue. Tissée de filaments de matière noire, de gaz et de galaxies, elle forme une gigantesque grille qui sculpte l’univers à une échelle colossale. Bien que nous ne puissions pas la voir directement, ses effets sont palpables et révèlent une architecture cosmique fascinante.

Qu’est-ce que la toile cosmique ?

La toile cosmique est une immense structure en réseau qui s’étend à l’échelle de tout l’Univers. Pour visualiser cette toile, imaginez un gigantesque réseau de fils d’araignée où les galaxies, regroupées en amas, jouent le rôle de nœuds, la matière noire celui des filaments (une forme de matière invisible qui exerce une attraction gravitationnelle significative) et le gaz intergalactique (principalement constitué d’hydrogène et d’hélium) fait office de fils reliant ces nœuds.

Entre ces filaments de matière noire et de gaz se trouvent de vastes régions vides, appelées « bulles » ou « vides cosmiques ». Il s’agit de zones où la densité de matière est extrêmement faible comparée aux régions plus peuplées de la toile. Elles apparaissent comme de gigantesques espaces presque vides, séparant les filaments et les amas de galaxies. Ces vides sont essentiels pour comprendre la répartition de la matière dans l’univers et pour modéliser la structure à grande échelle de la toile cosmique.

En somme, la toile cosmique révèle une organisation sophistiquée et dynamique de l’univers.

Notez que la découverte de cette structure complexe est relativement récente. Les astronomes ont commencé à la percevoir dans les années 1980 grâce aux observations de la distribution des galaxies. Des outils modernes, tels que les télescopes à rayons X et les simulations numériques, ont ensuite permis de visualiser plus clairement les filaments et d’affiner notre compréhension de la toile cosmique.

Quelques ordres de grandeur

Pour saisir l’immensité de la toile cosmique, il est utile de considérer quelques chiffres clés. Les plus grands ensembles de la toile cosmique sont les superamas qui peuvent atteindre plusieurs centaines de millions d’années-lumière de diamètre. Par exemple, le Superamas de Laniakea, auquel appartient notre Voie lactée, a un diamètre estimé à environ 520 millions d’années-lumière. Il est composé de milliers de galaxies regroupées en amas et en superamas plus petits, reliés entre eux par des filaments de matière noire et de gaz.

Les filaments eux-mêmes, qui connectent ces superamas, peuvent s’étendre sur des distances allant jusqu’à un milliard d’années-lumière. En comparaison, les plus grands vides cosmiques, des régions presque vides entre ces filaments, peuvent atteindre des tailles allant jusqu’à 100 millions d’années-lumière.

De manière globale, l’univers observable a un rayon d’environ 46,5 milliards d’années-lumière. Cependant, la toile cosmique, en tant que structure, s’étend bien au-delà des limites de ce que nous pouvons observer directement. Les superamas et les filaments dans l’univers observable ne représentent ainsi qu’une fraction de cette immensité.

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La toile cosmique de notre Univers. Les galaxies se situent le long de ces brins, tandis que les amas se positionnent au niveau des intersections. Crédits : Volker Springel/Max Planck Institute For Astrophysics/SPL

Le rôle l’énergie noire

La toile cosmique n’est pas seulement façonnée par la matière noire et le gaz intergalactique, mais aussi par un phénomène mystérieux appelé énergie noire. Cette forme hypothétique d’énergie est responsable de l’expansion accélérée de l’univers. Découverte dans les années 1990 grâce à l’observation des supernovae lointaines, l’énergie noire constitue environ 68 % de l’univers, mais sa nature reste encore largement inconnue.

Concrètement, l’énergie noire exerce une pression répulsive qui contrebalance la force gravitationnelle de la matière, y compris celle de la matière noire et du gaz. Cette pression pousse l’univers à s’étendre à un rythme de plus en plus rapide.

Naturellement, ce phénomène a un impact direct sur la toile cosmique en influençant la répartition et la dynamique des grandes structures cosmiques. Alors que les filaments de matière noire et les amas de galaxies se forment et évoluent sous l’effet de la gravité, l’énergie noire agit pour étirer ces structures et les éloigner les unes des autres.

Autrement dit, sans l’énergie noire, l’expansion de l’univers ralentirait, et les grandes structures comme les filaments et les superamas pourraient se regrouper davantage.