Au Tibet, un millier de microbes inconnus s’échappent d’un glacier

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Sommet Namcha Barwa, dans la chaîne de l'Himalaya. Crédits : LIANG YICHEN/iStock

Le réchauffement climatique global s’intensifie, provoquant le dégel des glaciers mondiaux. Au Tibet, une équipe de scientifiques chinois a ainsi relevé 1 000 anciennes espèces microbiennes piégées depuis des millénaires au sein des massifs glaciaux que l’on nomme le « troisième pôle » terrestre.

Après les pôles Nord et Sud, la troisième plus grande réserve de glace au monde, située sur le plateau tibétain, est en train de fondre, libérant des vies microbiennes inconnues. Des environnementalistes et microbiologistes chinois ont découvert auprès d’un seul sommet pas moins de 968 nouvelles espèces organiques, classées dans ce qu’ils appellent le « Catalogue complet du génome et des gènes du glacier tibétain » (TG2G). En outre, ce chiffre reste ponctuel puisque la liste des pathogènes préhistoriques devrait continuer à s’allonger au cours du siècle.

Ces microbes possèdent une incroyable capacité de survie. Ils sont en effet résistants à des conditions extrêmes où se mêlent radiations solaires, manque de nourriture et températures négatives sans égales. De plus, ces virus et bactéries peuvent « ressusciter » après des siècles de congélation au cœur des montagnes enneigées.

Des microbes aux conséquences inattendues

Qui dit « nouveaux microbes » dit « effets inconnus » sur l’ensemble de la biosphère. Il est essentiel pour les chercheurs d’étudier ces potentiels dangers microscopiques afin de déterminer leur méthode de diffusion et estimer leur impact environnemental. En effet, ces organismes emprisonnés depuis plus de 10 000 ans finiront par se répandre dans les sols du Tibet et contamineront l’eau potable des habitants du plateau.

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Crédits : geralt/Pixabay

Ces mêmes scientifiques ont déjà répertorié 3 241 génomes venus de différents glaciers depuis 2016, dont 82 % nous sont totalement étrangers. Une autre équipe chinoise a pu quant à elle extrapoler une date à partir de laquelle certains micro-organismes pris dans le gel du Tibet nous arrivent aujourd’hui en vie. Leur existence remonterait à plus de 15 000 ans.

Les glaciers du Tibet, un constat des plus inquiétants

Selon l’étude parue dans le magazine Nature, les scientifiques attestent d’une diminution croissante des jours d’enneigement depuis les années 1980, allant de deux à quatre jours en plus par an. Il s’agit d’un problème majeur dans cette partie du monde, dépendante de l’eau de source des montagnes. En outre, on estime que sur les 46 000 glaciers que compte le troisième pôle, 80 % sont présentement en train de disparaître.

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Crédits : POTATO5566/Pixabay

Par ailleurs, la glace tibétaine contient près de 12 millions de tonnes de méthane et de carbone depuis un temps multiséculaire, autant de gaz à effets de serre qui seront progressivement diffusés dans l’atmosphère, accélérant la hausse des températures mondiales. Les menaces du réchauffement terrestre sont donc plurielles, participant à l’effet « boule de neige » qui précipite et multiplie exponentiellement les catastrophes climatiques.

Effectivement, nos réserves mondiales de glace sont sur le point de tirer leur révérence, causant des dégâts irréversibles, notamment en libérant des agents dormants microscopiques qui pourraient bien contaminer la terre et l’eau. D’ailleurs, un rapport d’experts, danois cette fois-ci, a dressé le bilan des glaciers qui entourent le Groenland. Ce rapport révèle un constat sans précédent dans l’histoire contemporaine.