Thomas Pesquet pourrait-il intégrer la station chinoise ?

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L'astronaute de l'ESA Thomas Pesquet photographié le 20 juin dernier à l'extérieur de l'ISS. Crédit : NASA

Lors du lancement de la mission habitée Shenzhou 15 en direction de la nouvelle station orbitale chinoise en novembre dernier, les responsables du pays avaient de nouveau souligné leur intention d’inviter des astronautes étrangers, probablement européens, à bord. L’ESA semblait intéressée, mais elle a finalement changé d’avis.

En octobre 2022, la Chine lançait le troisième et dernier module de sa nouvelle station orbitale Tiangong. La structure désormais complète, le pays aimerait la maintenir opérationnelle pendant au moins dix ans pour y mener diverses expériences scientifiques et se préparer aux vols de longue durée dans l’espace.

Nous savions également que la Chine avait ouvert la porte à une potentielle collaboration internationale, notamment avec l’Europe. L’Agence spatiale européenne (ESA) avait d’ailleurs commencé à préparer plusieurs de ses astronautes pour d’éventuelles missions vers la station spatiale chinoise dès 2017. À l’époque, Samantha Cristoforetti et Matthias Maurer s’étaient en effet entraînés pendant neuf jours avec seize de leurs homologues chinois dans la mer Jaune, près de la ville côtière de Yantai. Ils avaient même commencé à apprendre le Mandarin.

L’année précédente, l’astronaute chinois Ye Guangfu avait de son côté participé au cours de spéléologie de l’ESA sur l’île italienne de Sardaigne.

Pas dans les papiers

Ces deux activités découlaient d’un accord signé 2015 visant à renforcer la collaboration entre l’ESA et l’Agence spatiale habitée chinoise dans le but de faire voler des astronautes européens sur la station spatiale chinoise dès 2022. Depuis, l’Europe n’a envoyé aucun de ses astronautes à bord de Tiangong. Et visiblement, elle ne compte plus le faire à l’avenir, du moins à court terme.

« Nous sommes très occupés à soutenir et à garantir nos engagements et nos activités sur la Station spatiale internationale, où nous avons un certain nombre de partenaires internationaux qui travaillent ensemble« , a récemment déclaré le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher. « Pour le moment, nous n’avons ni le budget ni le feu vert politique pour nous engager dans une deuxième station spatiale« .

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Vue d’artiste de la Station spatiale chinoise entièrement assemblée. Crédits : CNSA

A priori, nous ne verrons donc pas Thomas Pesquet à bord de la station chinoise de sitôt, d’autant que l’astronaute français a désormais les yeux rivés sur la Lune, en attendant Mars. Nous savons d’ailleurs que trois vols ont d’ores et déjà été négociés entre la NASA et l’ESA dans le cadre du programme Artemis, probablement entre 2027 et 2030. Sachant que chaque mission implique environ deux ans d’entraînement, Thomas Pesquet devrait bientôt savoir s’il fera partie des élus.

Malgré ces récentes déclarations de l’ESA, une visite européenne à Tiangong reste toujours plus probable qu’une visite américaine. En 2011, le Congrès avait en effet interdit à la NASA de coopérer substantiellement avec son homologue chinois sans autorisation préalable expresse. Cette loi, connue sous le nom d’Amendement Wolf, empêche également la Chine de participer au programme de la Station spatiale internationale (ISS).