Therizinosaurus pouvait-il vraiment utiliser ses griffes pour se battre ?

Therizinosaurus
Une illustration de Therizinosaurus. Crédits : Lewis Dodgson

Therizinosaurus est un étrange dinosaure qui a vécu à la fin du Crétacé il y a entre 70 et 66 millions d’années au niveau de la Chine et de la Mongolie actuelles. L’animal, très grand, est principalement connu pour ses énormes griffes. Mais à quoi pouvaient-elles bien lui servir ? Une étude récente publiée dans revue Communications Biology nous livre la réponse.

Le « Edward aux mains d’argent » du Crétacé

Les maniraptoriens à ramification tardive, en particulier les ancêtres et les parents des oiseaux, ont été bien étudiés au cours de ces trois dernières décennies, notamment grâce à la découverte de nombreux fossiles bien conservés. Les maniraptoriens à ramification précoce comme les Therizinosauridae, qui présentent des caractères morphologiques bizarres et occupent des niches écologiques énigmatiques, ont cependant été moins étudiés.

L’un de ces animaux les plus emblématiques est probablement le théropode Therizinosaurus mis en lumière dans le dernier film de la franchise Jurassic World. Les premiers thérazinosaures n’étaient pas plus grands qu’une dinde. Ils ont gagné en taille au fil du temps, certains pouvant atteindre environ dix mètres de haut. À la fin du Crétacé, ce dinosaure à plumes ressemblait un peu à une girafe avec un énorme train arrière sur lequel il aurait pu s’asseoir pour grignoter des feuilles. Toutefois, le plus impressionnant était probablement ses griffes en forme de faux, certaines pouvant mesurer jusqu’à un mètre de long. Dans le règne animal, c’est du jamais vu.

Therizinosaurus
Reconstitution graphique de Therizinosaurus cheloniformis dans leur ancien environnement. Crédits : ABelov2014

Quelles fonctions ?

Les films et documentaires suggèrent que Therizinosaurus utilisait ses énormes griffes comme de longues épées pour se battre entre eux ou pour lutter contre des prédateurs, mais était-ce vraiment le cas ? Cela a longtemps interrogé les paléontologues, en partie parce qu’elles étaient rattachées à un animal dont les autres caractéristiques suggèrent qu’il s’agissait d’un herbivore.

Une équipe dirigée par le doctorant Zichuan Qin, de l’Université de Bristol en Angleterre, s’est donc penchée sur la question. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé des scans détaillés de fossiles afin de créer des modèles informatiques 3D de ces griffes, puis ils ont testé différentes fonctions mécaniques (creuser, tirer et percer, etc.).

D’après les analyses, ces griffes disproportionnées étaient si faibles qu’elles ne pouvaient supporter aucun stress, pas même le simple fait de tirer quelques branches. Mais alors, pourquoi développer des griffes apparemment inutiles aussi gigantesques ? Les chercheurs proposent que ces griffes aient pu servir pour l’affichage sexuel. Dans ce cas de figure, les mâles qui avaient les plus longues pouvaient attirer plus de femelles.

Paul Barrett, paléobiologiste au Natural History Museum de Londres (qui n’a pas participé à l’étude), s’accorde avec les résultats. Il soutient néanmoins que ces griffes pourraient quand même avoir joué un rôle mineur dans la collecte de nourriture. Il suggère également un autre objectif potentiel : le toilettage des plumes.