The Lancet supprime l’étude sur l’hydroxychloroquine après la rétractation de ses auteurs !

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Crédits : capture d'écran Twitter France Info

Décidément, cette étude controversée sur l’hydroxychloroquine publiée il y a deux semaines aura fait grand bruit. La revue The Lancet vient de la retirer, expliquant que trois de ses auteurs s’étaient rétractés. Ces derniers ont évoqué la responsabilité de Surgisphere, une société spécialisée dans l’analyse de données de santé.

Rétractation des auteurs et suppression de l’étude

Il y a à peine quelques jours, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait annoncé la reprise des essais cliniques sur l’hydroxychloroquine. Cette décision faisait suite à une suspension de ces même essais une dizaine de jours auparavant. C’est une étude publiée dans la revue The Lancet le 22 mai 2020 qui est à l’origine de l’affaire. Cette dernière soulevait l’absence de preuves de l’efficacité de l’hydroxychloroquine sur les malades du Covid-19 hospitalisés. Il était même question d’effets indésirables, notamment liés au rythme cardiaque, pouvant conduire jusqu’à la mort.

L’étude avait engendré une vague de contestation, à laquelle même des chercheurs à l’origine peu favorables à l’hydroxychloroquine ont contribué. Juste avant la déclaration de l’OMS à propos de la reprise des essais, la revue The Lancet avait publié un avertissement alertant les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques avaient été portées à son attention. Selon un article de l’agence de presse Reuters du 5 juin 2020, la revue scientifique est allée encore plus loin en supprimant complètement l’étude.

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La société Surgisphere serait à l’origine du problème selon les auteurs de l’étude. Crédits : Medpage Today

Si The Lancet a retiré l’étude, la raison ne se trouve pas directement dans la vague de contestation ayant suivi sa publication. En réalité, trois des auteurs – dont le Pr Mandeep R Mehra – se sont rétractés. Ces derniers ont invoqué des préoccupations concernant la qualité et la véracité des données de l’étude. Ils ont surtout désigné Surgisphere, la société d’analyse qui a fourni les données. Celle-ci aurait été loin d’être irréprochable dans son travail afin d’assurer un examen indépendant.

L’obscure société Surgisphere

Le Dr Sapan Desai, quatrième auteur de l’étude, a évité de commenter l’affaire. Et pour cause, l’intéressé est le directeur général de Surgisphere depuis sa fondation en 2008. Rappelons au passage qu’une seconde revue scientifique, le New England Journal of Medicine, a déjà retiré une autre étude pour les mêmes raisons. Or, celle-ci s’appuyait également sur les données de Surgisphere et avait pour auteur principal le Pr Mandeep R Mehra de l’École de médecine d’Harvard.

Employé au Northwest Community Hospital (Illinois, États-Unis) jusqu’en 2016, le chirurgien vasculaire Sapan Desai est un personnage controversé outre-Atlantique. Celui-ci est en effet sous le coup de trois procédures en cours pour fautes professionnelles médicales aux États-Unis.