Selon une étude récente publiée dans la revue Nature Communications, si l’humanité continue d’exploiter tous les combustibles fossiles disponibles sur la planète, nous pourrions être confrontés en l’an 2250 à des niveaux de CO2 jamais atteints dans l’atmosphère depuis la période du Trias, il y a un peu plus de 200 millions d’années.
Ce n’est un secret pour personne, la Terre se réchauffe en raison des émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui se retrouvent piégées dans l’atmosphère. Mais à l’heure où les experts s’inquiètent de l’avenir de notre planète avec des conséquences jugées désastreuses que l’on ressentira dans les vingt ou trente prochaines années, une équipe de chercheurs est allée beaucoup plus loin en suggérant que si nous continuons d’exploiter tous les combustibles fossiles disponibles sur Terre, nous pourrions être confrontés d’ici 200 à 250 ans à des niveaux de CO2 dans l’atmosphère jamais atteints depuis la période du Trias Supérieur, il y a un peu plus de 200 millions d’années. En 2400, les niveaux de CO2 pourraient alors dépasser n’importe quel niveau atteint dans le dossier géologique.
Pour évaluer dans quelle mesure la quantité de carbone dans l’atmosphère a changé au cours des 420 derniers millions d’années, une équipe de chercheurs de l’Université de Southampton, au Royaume-Uni, a compilé environ 1 500 estimations des niveaux de CO2 dans l’atmosphère de 112 études publiées : « Nous ne pouvons pas mesurer directement les concentrations de CO2 sur des millions d’années », explique le géochimiste Gavin Foster, de l’Université de Southampton, et principal auteur de cette étude. « Au lieu de cela, nous comptons sur les “mandataires” indirects dans le dossier géologique. Dans cette étude, nous avons compilé toutes les données publiées disponibles à partir de plusieurs types de proxy différents pour produire un enregistrement continu des niveaux anciens de CO2 ».
Dans un premier temps, l’analyse des données aura montré que même si les niveaux de CO2 dans l’atmosphère sont beaucoup plus bas aujourd’hui qu’ils ne le furent autrefois aux périodes les plus chaudes de l’histoire de la Terre, ceux-ci augmentent néanmoins très rapidement. Trop rapidement. Par exemple, la concentration de CO2 se situait à 280 parties par million (ppm) dans l’atmosphère au cours de la période précédant l’industrialisation avant de passer à 400 ppm en 2016. L’Homme aura donc joué un rôle très important, sa « patte » mettant fin à une baisse lente, progressive et naturelle des niveaux de CO2 qui a débuté il y a centaines de millions d’années. Mais l’Homme n’est pas le seul à craindre.
En raison des réactions nucléaires qui s’opèrent dans les étoiles comme notre Soleil, ces dernières deviennent au fil du temps plus lumineuses. En d’autres termes, il y a des centaines de millions d’années, la luminosité du Soleil était moindre. Le niveau de la production solaire qui affecte l’atmosphère terrestre a donc augmenté au cours de ces dernières centaines de millions d’années. Le Soleil est devenu plus lumineux, mais le climat de la Terre est quant à lui resté relativement stable. Enfin, jusqu’à présent.
Combinez alors des niveaux de CO2 et une irradiance solaire à la hausse, et vous vous dirigerez alors vers un territoire à ce jour inexploré et potentiellement très dangereux pour l’Homme. Si l’utilisation des combustibles fossiles se poursuit sans relâche, les chercheurs estiment en effet que nous devrions atteindre les 2 000 ppm de CO2 d’ici à 2250, des niveaux inégalés depuis le Trias : une époque chaude et sèche dans l’histoire de la Terre qui vit l’apparition des tout premiers dinosaures et où les régions polaires étaient libres de glace. Selon les chercheurs, en 2400, nous pourrions voir naître un climat qui n’aura jamais eu d’équivalent naturel sur Terre en près d’un demi-milliard d’années.