Terre primitive
Vue d'artiste de la Terre pendant la période des derniers bombardements massifs. Crédits : Laboratoire d'images conceptuelles du Goddard Space Flight Center de la NASA.

La Terre primitive : un monde plus habitable qu’on ne le pensait ?

La Terre primitive d’il y a 4,5 milliards d’années est souvent décrite comme un lieu inhospitalier. C’était un enfer volcanique où la chaleur extrême, le magma bouillonnant et les météorites qui frappaient sa surface la rendaient incompatible avec la vie. Toutefois, une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie pourrait bien remettre en question cette vision apocalyptique. Selon leurs recherches, la Terre d’avant, bien qu’encore chaotique, aurait pu abriter des conditions plus propices à l’émergence de la vie qu’on ne le croyait jusqu’ici. Il s’agissait certes d’un environnement hostile, mais pas impossible à vivre pour des formes de vie primitives.

La période hadéenne : un monde en fusion

La période hadéenne, qui s’étend de la formation de la Terre à environ quatre milliards d’années, est souvent perçue comme une époque chaotique et inhospitalière. À cette époque, la Terre était une planète en pleine formation avec une croûte encore en développement et une activité volcanique intense. Des météorites s’écrasaient régulièrement sur la surface, ce qui ajoutait de la chaleur et des impacts violents. Cette activité géologique générait des températures extrêmement élevées, parfois suffisamment pour maintenir des océans de magma à la surface de la planète.

L’atmosphère de la Terre était probablement composée principalement de dioxyde de carbone et d’azote avec très peu d’oxygène, ce qui rendait l’air irrespirable pour toute forme de vie telle que nous la connaissons.

Pendant longtemps, les scientifiques ont ainsi considéré que ces conditions extrêmes rendaient la Terre invivable et exclu la possibilité que la vie puisse y apparaître à cette époque. Et pourtant.

Une étude réécrivant l’histoire de la Terre primitive

Une équipe de chercheurs dirigée par Christopher K. Jones, de l’Université de Californie, a récemment mené une étude approfondie des conditions environnementales de la Terre pendant la période hadéenne. Leur objectif principal était de comprendre dans quelles circonstances la vie primitive aurait pu émerger sur une planète encore en formation et en proie à des conditions extrêmes. Pour cela, les chercheurs ont croisé plusieurs disciplines scientifiques, allant de la microbiologie à la géochimie en passant par la chimie atmosphérique et la science planétaire. Cette approche multidisciplinaire leur a permis de reconsidérer les modèles préexistants sur la Terre primitive et d’apporter de nouvelles perspectives sur la possibilité de la vie à ses premiers stades.

Contrairement aux théories antérieures qui dépeignaient la Terre comme un enfer volcanique inhospitalier, les chercheurs suggèrent que bien que les conditions aient été extrêmes, l’eau pourrait avoir été présente dans les premiers océans, soit apportée par des comètes, soit dégazée par des volcans.

Cette hypothèse soulève une question importante : si de l’eau liquide était présente à cette époque, la vie aurait-elle pu apparaître plus tôt qu’on ne le pensait ? Bien que cette question demeure partiellement non résolue, elle ouvre de nouvelles pistes pour comprendre l’émergence de la vie.

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Une interprétation par un artiste de l’environnement de la Terre primitive. Crédits : Lucy Entwisle

Des implications pour la recherche de la vie ailleurs

Les résultats de cette étude vont bien au-delà des frontières de la Terre et soulèvent des questions passionnantes concernant d’autres corps célestes. Si la Terre a pu abriter de l’eau liquide et des conditions favorables à la vie dès ses premiers milliards d’années, cela pourrait indiquer que d’autres planètes et lunes du Système solaire ont elles aussi eu ou pourraient encore avoir des environnements propices à la vie.

Bien qu’elle soit aujourd’hui un désert froid et sec, Mars montre par exemple des signes évidents de la présence passée d’eau sous forme de rivières et de lacs asséchés. Les scientifiques pensent que cette eau a pu exister pendant une période suffisamment longue pour permettre l’apparition de la vie, ou du moins la créer dans des conditions temporaires. Si des traces d’eau ont persisté dans les profondeurs de la planète, des formes de vie primitives auraient pu y prospérer, à l’instar des premières formes de vie sur Terre.

Un autre monde qui suscite un intérêt croissant est Europe, l’une des lunes de Jupiter. Sous sa surface gelée, des océans d’eau liquide sont susceptibles d’exister, chauffés par les forces gravitationnelles exercées par Jupiter et ses autres lunes. Ces conditions, bien que difficiles à percevoir à la surface, pourraient permettre la formation d’écosystèmes similaires à ceux que l’on trouve près des cheminées hydrothermales dans les océans terrestres.

Ainsi, cette étude remet en question l’idée que la vie est un phénomène unique à la Terre et nous invite à élargir notre recherche de vie ailleurs dans l’Univers. Des mondes apparemment inhospitaliers pourraient dissimuler des conditions propices à l’émergence de formes de vie, et l’étude de ces planètes et lunes lointaines pourrait bien ouvrir de nouvelles perspectives sur l’origine de la vie elle-même.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.