Depuis 4,5 milliards d’années, le champ magnétique terrestre assure son rôle de bouclier protecteur face aux particules cosmiques venues notamment du Soleil. Cette sphère défensive a subi de nombreuses fluctuations depuis son apparition et diverses inversions de ses pôles. Des experts ont d’ailleurs avancé qu’une permutation était imminente. Cependant, une étude plus récente indique que cet évènement ne se produirait pas avant un « long » moment.
Qu’est-ce qu’une inversion du champ magnétique terrestre ?
Le champ magnétique terrestre est généré par les agitations convectives du noyau, constitué principalement d’un plasma ferreux et logé au cœur de la planète. Lors d’une inversion, le pôle Nord magnétique et le pôle Sud géographique permutent, un contrecoup dû aux instabilités des échanges thermiques du noyau. Les perturbations du champ géomagnétique peuvent alors perdurer entre 1 000 et 10 000 ans, causant une migration fulgurante des deux pôles aux quatre coins du globe. Durant une ère géologique, ce phénomène se produit régulièrement. Les spécialistes estiment qu’au cours des 200 millions d’années écoulées, le champ terrestre s’est inversé au moins 300 fois, dont la dernière eut lieu il y a 780 000 ans.
Les conséquences d’une inversion des pôles magnétiques
Le champ magnétique terrestre repousse la plupart des particules cosmiques, dont les vents solaires. Si la Terre comportait un noyau inerte, aucune forme de vie ne pourrait s’y trouver. Pendant une transposition des pôles, la magnétosphère se retrouve particulièrement affaiblie, l’incidence des vents solaires pouvant alors se révéler des plus nocives. En outre, les technologies contemporaines seraient également affectées par le processus.
Pas d’inquiétudes immédiates, selon les scientifiques
Les chercheurs ont noté que depuis 180 ans, le champ magnétique terrestre a subi une baisse de son activité de 10 %. De plus, un amenuisement de son effet au-dessus de l’Atlantique Sud, découvert en 1958, a laissé penser que les pôles magnétiques pouvaient d’ores et déjà amorcer leur inversion.
Néanmoins, une étude publiée sur le site PNAS s’est intéressée aux anomalies récurrentes de notre magnétosphère au cours des 9 000 ans derniers, similaires à celle entamée en Atlantique Sud. Les scientifiques suédo-américains à l’origine de ce rapport s’accordent à dire que ce soubresaut magnétique ne serait qu’une des nombreuses « sautes d’humeur » du noyau, sans inversion à venir, du moins dans un avenir proche. En effet, si le phénomène est quasiment impossible à prédire, les chercheurs émettent l’hypothèse que la Terre subira un renversement polaire d’ici 300 ans. En d’autres termes, l’évènement localisé en Atlantique Sud serait tout simplement anodin.
« Nous proposons que la période autour de 600 avant notre ère, caractérisée par un champ fortement asymétrique, puisse fournir un analogue au champ actuel. L’analogie implique que l’anomalie de l’Atlantique Sud disparaîtra probablement dans les prochaines centaines d’années, accompagnée d’un retour à une configuration de champ plus symétrique et éventuellement d’un renforcement du champ dipolaire axial », déclarent les auteurs de l’étude.
Le champ magnétique terrestre influence-t-il d’autres composantes ?
Nous savons depuis longtemps que le champ magnétique est un élément primordial à l’émergence sur le très long terme de la faune et de la flore luxuriantes telluriennes. Désormais, des chercheurs japonais auraient déterminé une corrélation entre champ magnétique terrestre et climat, déclenchant au passage de nombreux débats scientifiques.