Terra Nullius planète terre vue depuis l'espace vie
Crédits : Digitalmazdoor/iStock

Terra Nullius : ces terres qu’aucun pays ne revendique

Dans le monde moderne, les États-nations sont strictement définis par des frontières. Cependant, il existe encore un petit nombre d’endroits sur Terre qu’aucun État souverain ne revendique pour lui-même. En voici deux.

Terra nullius

Terra nullius est un terme latin qui signifie littéralement « terre de personne » ou « terre sans maître ». Il s’agit d’un concept juridique utilisé jadis pour décrire des territoires considérés comme non réclamés ou inhabités. Selon cette doctrine, une telle terre pouvait être revendiquée et colonisée par une puissance étrangère. Les Européens ont notamment usé de cette approche pour justifier la prise de contrôle de territoires dans diverses parties du monde.

Naturellement, l’application du concept de terra nullius eut de graves conséquences pour les peuples autochtones. Leurs droits et leurs titres de propriété étaient en effet souvent ignorés ou contestés. Au fil du temps, la validité de cette doctrine fut donc ensuite remise en question. Elle est aujourd’hui considérée comme une construction juridique et politique injuste.

Malgré tout, il reste encore quelques terres non revendiquées sur Terre.

Bir Tawil

Bir Tawil est une région située entre l’Égypte et le Soudan, dans la région du triangle d’Hala’ib. Cette situation découle de différences d’interprétation de traités coloniaux passés. Concrètement, le Royaume-Uni avait conclu un accord avec l’Égypte en 1899 selon lequel les « territoires au sud du 22e parallèle de latitude » appartenaient au Soudan. De ce fait, Bir Tawil était sous contrôle soudanais. En 1902, les Britanniques ont finalement placé Bir Tawil sous administration égyptienne, car la zone était parfois utilisée par la tribu Ababda, basée près d’Assouan dans le sud de l’Égypte. Cependant, l’Égypte ne veut respecter la frontière d’origine qu’à partir de 1899, tandis que le Soudan revendique la frontière administrative de 1902. Autrement dit, l’Égypte estime que Bir Tawil est au Soudan, tandis que le Soudan estime que ce territoire est en Égypte.

Au cours de ces dernières décennies, certains groupes ont tenté de revendiquer la terre, sans succès. En 2014, Jeremiah Heaton, originaire de Virginie (États-Unis), a également tenté de revendiquer la région pour lui-même. Il voulait s’autoproclamer roi dans le but de faire plaisir à sa fille qui voulait devenir princesse. Sans surprise, sa demande n’a pas été reconnue par les Nations Unies.

Terra Nullius
Crédits : Abdo Mansoor/iStock

Le cas de Marie Byrd Land

Aux yeux du droit international, aucune partie de l’Antarctique n’appartient à un seul pays. Il n’empêche que sept nations, dont la France, l’Australie ou la Norvège, revendiquent des parties du continent blanc. Cependant, aucune de ces nations ne revendique Marie Byrd Land. Cette vaste région de l’Antarctique occidental, nommée en l’honneur de Marie Byrd, l’épouse de l’explorateur américain Richard E. Byrd, est située à l’ouest de la mer de Ross. Elle s’étend sur environ 1,6 million de kilomètres carrés.

Marie Byrd Land est d’une grande importance scientifique en raison de sa contribution potentielle à la compréhension du climat et de l’histoire géologique de l’Antarctique. Des recherches y sont menées sur les processus glaciaires, les changements climatiques, la géologie et l’étude des écosystèmes. Toutes ces missions sont gérées par le Traité sur l’Antarctique qui prévoit la coopération scientifique et la protection de l’environnement dans la région. Néanmoins, Marie Byrd Land reste l’une des régions les moins explorées en raison de son éloignement et de sa géographie inhospitalière. C’est pourquoi elle n’est pas revendiquée.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.