Les termites n’ont pas grand-chose sous la patte : un corps pour digérer et de la salive. Malgré tout, ces minuscules insectes réussissent à construire des structures gigantesques et incroyablement bien ventilées… un défi pour les architectes humains ! Alors, comment font-ils ?
Les termites sont des insectes sociaux vivant au sein de colonies hiérarchisées et organisées en castes. Ils se rencontrent surtout dans les pays chauds où certaines espèces construisent de grands nids en terre mâchée, les termitières. Mais comment les termites parviennent-ils à réguler la température et le taux de CO2 à l’intérieur de leurs tours hautes de deux à trois mètres peuplées de millions d’individus ? Pour y voir un peu plus clair, Samuel Ocko et son équipe du MIT se sont intéressés aux termitières des savanes africaines occupées par Macrotermes michaelseni. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le Journal of Experimental Biology.
Les chercheurs ont ici introduit des sondes afin de mesurer durant 35 jours la température et aussi la circulation de l’air à l’intérieur de termitières en Namibie. Inclinées vers l’équateur, ces termitières possèdent des orifices mesurant jusqu’à 0,5 cm qui permettent les échanges avec l’intérieur. Alors que la température extérieure variait de 15 à 20 °C, celle de l’intérieur ne changeait en moyenne que de 8 °C maximum. Quant au taux de CO2, il est demeuré constant (autour de 5 %) durant plus de 24 heures, l’air circulant vers le haut le jour et vers le bas la nuit. Ils ont observé que la différence de température entre le centre de la termitière et l’extérieur créait une ventilation lisse. La vitesse et l’orientation du vent n’auraient ici aucune influence.
L’étude révèle ainsi que les structures agissent comme un poumon, inhalant et exhalant une fois par jour lorsqu’elles sont chauffées et refroidies. « Dans l’ensemble, nos observations montrent que les architectures des termitières peuvent exploiter le chauffage solaire périodique pour conduire la ventilation à l’intérieur dans des environnements très différents, fonctionnant comme un poumon externe avec des implications claires pour l’ingénierie humaine », expliquent les auteurs dans leur étude. Les secrets de construction de ces termites africains pourraient en effet conduire à la conception de bâtiments moins énergivores.