La teneur de l’atmosphère en méthane enregistre une hausse record

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Crédits : NASA Earth Observatory.

Une analyse comprenant plusieurs milliers d’échantillons d’air prélevés dans le monde en 2021 montre que la concentration en méthane a connu une hausse sans précédent. De son côté, le dioxyde de carbone enregistre sa cinquième plus forte hausse depuis le début des mesures systématiques.

Le méthane (CH4) est le gaz à effet de serre qui contribue le plus au changement climatique, après le dioxyde de carbone (CO2). En effet, quelque trente pour cent du réchauffement observé depuis le début de l’ère industrielle est attribuable à ce constituant.

Une croissance record pour le méthane

Chaque printemps, le Global Monitoring Laboratory de la NOAA publie un bilan portant sur les concentrations en gaz à effet de serre mesurées au cours de l’année précédente. Lors du processus, plus de quinze mille échantillons d’air prélevés avec soin aux quatre coins du monde sont analysés. Dans son dernier bulletin, l’organisme fait état d’une croissance record du méthane en 2021. Il s’agit de la seconde année consécutive à connaître une hausse sans précédent du CH4.

Évolution de la concentration atmosphérique du méthane en moyenne mondiale. Crédits : NOAA / GML.

Entre 2020 et 2021, la teneur de l’atmosphère en méthane a augmenté de 17 ppb (parties par milliard) en moyenne mondiale, portant la concentration totale à 1895,7 ppb. Cet incrément bat le précédent record de 15,3 ppb observé entre 2019 et 2020. Rappelons que la référence préindustrielle du méthane se chiffre à 720 ppb, ce qui signifie que sa concentration a été multipliée par plus de 2,5. La durée de vie du CH4 est cependant bien inférieure à celle du CO2, permettant d’agir plus facilement sur sa contribution au réchauffement global.

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Taux d’accroissement du méthane en moyenne mondiale. Crédits : NOAA / GML.

« La réduction des émissions de méthane est un outil important que nous pouvons utiliser dès maintenant pour atténuer les impacts du changement climatique à court terme et réduire rapidement le taux de réchauffement », relate Rick Spinrad, chercheur à la NOAA. « N’oublions pas que le méthane contribue également à la formation d’ozone au niveau du sol qui cause environ cinq cent mille décès prématurés chaque année dans le monde ».

Poursuite d’une hausse rapide pour le dioxyde de carbone

Le rapport signale également une hausse des concentrations en dioxyde de carbone qui persiste à un rythme très soutenu. En 2021, le niveau de CO2 a augmenté de 2,6 ppm (parties par million) en moyenne mondiale, portant la concentration totale à 414,7 ppm. Il s’agit du cinquième plus grand incrément depuis le début des mesures systématiques en 1959.

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Évolution de la concentration atmosphérique du dioxyde de carbone en moyenne mondiale. Crédits : NOAA / GML.

« L’effet des émissions de dioxyde de carbone est cumulatif », détaille Pieter Tans, scientifique à la NOAA. « Environ 40% des émissions de la Ford-T de 1911 sont encore dans l’air aujourd’hui. Nous sommes à mi-chemin du doublement de la quantité de dioxyde de carbone qui se trouvait dans l’atmosphère au début de la révolution industrielle ».

Cet incrément de 2,6 ppm correspond à quelque trente-six milliards de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère. Depuis 1850, ce sont ainsi plus de deux mille milliards de tonnes qui ont été libérées, nous ramenant quatre millions d’années dans le passé en termes de composition atmosphérique. En effet, il faut remonter au Pliocène moyen pour trouver une concentration en CO2 aussi élevée.

Taux d’accroissement du dioxyde de carbone en moyenne mondiale. Crédits : NOAA / GML.

« Il va falloir beaucoup de travail pour inverser ces tendances, et il est clair que cela ne se produit pas », signale Ariel Stein, directeur du Global Monitoring Laboratory. « Il est donc crucial que nous continuions à maintenir des systèmes de surveillance et de vérification intégrés et fiables pour aider à évaluer l’état actuel de la teneur atmosphérique en gaz à effet de serre, ainsi qu’à déterminer l’efficacité des futures mesures de réduction des émissions ».