Un nouveau modèle décrit par des chercheurs suggère que toutes les terres émergées entreront en collision dans 250 millions d’années pour former un nouveau supercontinent sur lequel notre classe, celle des mammifères, n’aura plus sa place.
Le prochain supercontinent
La tectonique des plaques décrit la manière dont la lithosphère terrestre, la couche externe rigide de la Terre, se divise en plaques rigides flottant sur un manteau terrestre plus ductile. Ces plaques bougent en permanence en raison de la convection du manteau, créant ainsi des limites de plaques où elles peuvent s’éloigner les unes des autres (divergentes), se rapprocher les unes des autres (convergentes) ou glisser latéralement les unes par rapport aux autres (transformantes).
La tectonique des plaques est un processus crucial permettant à la Terre de gérer la chaleur interne générée par des processus géologiques tels que la radioactivité et la différenciation planétaire.
Nous savons également que l’histoire géologique de la Terre connaît un cycle de formation et de rupture de supercontinents qui semble se répéter environ tous les 600 millions d’années en moyenne. Un exemple bien connu de supercontinent est la Pangée. Ce dernier se serait formé il y a environ 335 millions d’années, pour ensuite commencer à se diviser il y a environ 175 millions d’années, donnant ainsi naissance aux continents que nous connaissons aujourd’hui. Qu’en sera-t-il de la suite ?
En 2020, Alexander Farnsworth, de l’Université de Bristol, s’est intéressé à une étude prédisant comment les continents se déplaceraient autour de la planète dans un avenir lointain. Ces travaux annonçaient qu’un nouveau supercontinent, baptisé Pangea Ultima ou Amasia, se formerait probablement le long de l’équateur dans 250 millions d’années environ.
Un environnement trop chaud pour les mammifères
Dans ses recherches principales, le Dr Farnsworth construit normalement des modèles de la Terre antique pour reconstruire les climats du passé. Cependant, la publication de cette étude l’avait poussé à utiliser ses modèles pour voir à quoi ressemblerait la vie sur ce futur supercontinent. Pour ce faire, il s’est associé à Christopher Scotese, géophysicien à la retraite de l’Université du Texas, qui avait conçu le modèle Pangea Ultima.
Selon les chercheurs, sous diverses conditions géologiques et atmosphériques possibles, ce supercontinent sera beaucoup plus chaud que les continents actuels. L’un des facteurs déterminant ce changement radical est le Soleil. Tous les 110 millions d’années, l’énergie libérée par notre étoile augmente en effet de 1%.
Cependant, nous savons aussi que la terre se réchauffe plus vite que l’océan. Ainsi, des continents regroupés en une seule masse continentale géante verront inévitablement leurs températures grimper en flèche.
La topographie de ce futur supercontinent, qui comprendra de vastes étendues de terres plates éloignées de l’océan, sera aussi déterminante. Sur la Terre d’aujourd’hui, l’eau de pluie et le dioxyde de carbone réagissent avec les minéraux présents sur les flancs des montagnes et des collines, qui sont ensuite transportés vers les fonds marins. Le résultat est que le dioxyde de carbone est progressivement extrait de l’atmosphère. Dans 250 millions d’années environ, l’effet de ce processus sera cependant moindre.
En outre, selon le modèle, la Pangea Ultima sera également parsemée de volcans qui rejetteront aussi du dioxyde de carbone qui, par effet de serre, fera encore monter les températures.
Un environnement trop chaud pour les mammifères
De manière générale, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les futurs mammifères de la planète seront probablement incapables de survivre dans de telles conditions. Cette classe de vertébrés, dont les racines remontent à environ 250 millions d’années, pourrait donc être d’ores et déjà condamnée.
Le Dr Farnsworth admet volontiers que quelques espèces pourraient potentiellement survivre dans des refuges en marge de ce supercontinent. Malgré tout, il reste convaincu que les mammifères perdront la domination dont ils jouissaient depuis la fin de l’ère des dinosaures, probablement au profit des reptiles à sang froid, qui seront mieux capables de tolérer la chaleur.
Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue .