Océan Austral : quand les tempêtes accentuent le dégazage de CO2

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Crédits : andrej67 / iStock

Un ensemble de mesures effectuées dans l’océan Austral par des robots océaniques a permis de mettre en évidence l’influence des tempêtes sur les échanges de dioxyde de carbone (CO2) entre l’air et l’eau. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications ce 10 janvier. 

Quelque trente pour cent du CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère terminent dans les océans et les acidifient. Toutefois, la contribution des différents bassins à cette absorption est loin d’être homogène. En effet, près de la moitié prend place au niveau des eaux froides et tumultueuses qui ceinturent l’Antarctique.

De fait, l’océan Austral constitue un élément-clé du bilan de carbone du système climatique. Ce sont par exemple les fluctuations survenues dans ce bassin qui ont conduit à une absorption océanique diminuée dans les années 1990, puis à son renforcement dans les années 2000. Comprendre avec précision les mécanismes qui régulent les flux de carbone entre l’air et l’eau constitue donc un enjeu majeur, en particulier à l’ère du changement climatique anthropique.

Le rôle des tempêtes dans les échanges de carbone air-mer

Récemment, des chercheurs ont pu mettre en évidence l’influence qu’avaient les tempêtes sur les échanges de carbone entre l’air et l’eau dans ce bassin. Puisque les observations effectuées par les navires de recherche ou par les bouées ont montré leurs limites, les scientifiques ont eu recours à des robots océaniques autonomes capables de mesurer les propriétés de l’eau de façon régulière pendant plusieurs mois et jusqu’à un kilomètre de profondeur.

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Circulation océanique thermohaline vue depuis l’Antarctique. Les courants chauds de surface sont en rouge et les courants froids de profondeur sont en bleus. Crédits : NOAA.

« Nous montrons comment les tempêtes qui surviennent souvent dans la région augmentent le mélange océanique et amènent les eaux riches en dioxyde de carbone depuis les profondeurs vers la surface », rapporte Sebastiaan Swart, l’un des coauteurs de l’étude. « Cela entraîne un dégazage de dioxyde de carbone de l’océan vers l’atmosphère ».

Ces résultats sont importants, car les variations des échanges air-mer sur de courtes échelles de temps demeurent assez mal connues, en grande partie en raison du manque de données dans cette région particulièrement difficile d’accès. Par ailleurs, on s’attend à ce que les tempêtes s’intensifient et remontent vers le pôle à mesure que le climat se réchauffe. Les données récoltées permettront par conséquent de mieux anticiper les impacts potentiels sur le cycle du carbone.

« Ces connaissances sont nécessaires pour pouvoir faire des prévisions plus précises sur les changements climatiques futurs. Actuellement, ces processus environnementaux ne sont pas capturés par les modèles climatiques mondiaux », note Marcel du Plessis, coauteur du papier.