Si rien n’est fait, la température maximale annuelle pourrait gagner plus de 6 °C

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De nouveaux travaux viennent préciser notre compréhension des extrêmes de chaleur et de leur évolution avec le changement climatique. Mieux anticiper l’emplacement, la sévérité et la fréquence de ces extrêmes permet de fournir un éclairage toujours plus précis aux plans d’atténuation et d’adaptation climatiques. Les résultats sont récemment parus dans la revue Atmospheric Science Letters.

Avec le réchauffement global du climat, les extrêmes de chaleur gagnent nécessairement en fréquence et en intensité. Cependant, le détail des changements ainsi que leur déclinaison locale restent un sujet de recherche actif. En effet, les impacts sur l’environnement et les sociétés humaines sont très dépendants des paramètres de petite échelle qui s’articulent par exemple au pas de temps journalier.

Extrêmes de chaleur dans le monde : une évolution contrastée

Dans ce contexte, la sortie de la dernière génération de modèles climatiques (CMIP6) fournit une base d’étude nouvelle et améliorée. En vue de préciser la façon dont les extrêmes chauds évolueront dans le monde au cours des prochaines décennies, des chercheurs ont utilisé quatre modèles ensemblistes de CMIP6 selon trois scénarios d’émissions de gaz à effet de serre. Dans les deux premiers, le réchauffement global est limité à 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100. Dans le troisième, le climat continue à dériver et l’élévation des températures atteint 3 °C.

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Évolution de la période de retour d’une température extrême qui se produit actuellement une fois tous les dix ans selon trois scénarios de réchauffement global (colonnes) et quatre ensembles de modèles (rangées). Une valeur de 1 correspond à une absence de changement. Une valeur de 10 ou plus correspond à une période de retour qui passe à 1 an ou moins. Crédits : Ross Slater & coll. 2021.

Les scientifiques ont notamment regardé l’évolution de la température maximale annuelle moyennée sur 1, 3 et 5 jours, à ne pas confondre avec les records de chaleur qui sont des valeurs ponctuelles. Sans surprise, les résultats montrent que cette température augmente presque partout sur le globe. Par ailleurs, ce sont les régions continentales qui connaissent la plus forte hausse, en particulier aux tropiques, en Europe du Sud, en Asie et aux hautes latitudes de l’hémisphère nord. Dans le scénario pessimiste, la température maximale annuelle gagne jusqu’à plus de 6 °C sur ces régions.

Des périodes de retour à redéfinir 

De plus, on apprend qu’avec un réchauffement global de 3 °C, les extrêmes chauds qui surviennent actuellement une fois tous les dix ans deviendraient huit fois plus fréquents d’ici à 2100. Ils se produiraient même chaque année dans certaines régions tropicales ainsi que l’illustre la figure présentée ci-dessus. En comparaison, dans le scénario peu probable où l’objectif des 1,5 °C est atteint, nous observerions seulement un triplement de ces extrêmes chauds. Enfin, les auteurs soulignent que la fréquence des évènements longs progresse plus rapidement que celle des évènements courts.

« Les vagues de chaleur record observées au Canada et aux États-Unis cet été nous montrent à quoi ressemble un monde plus chaud, soulignant notre besoin de mieux comprendre les températures extrêmes futures provoquées par le réchauffement climatique », note Ross Slater, auteur principal du papier. « Nos résultats anticipent des augmentations significatives des températures extrêmes et soulignent le sérieux besoin de limiter davantage le réchauffement climatique pour éviter des évènements encore plus chauds à l’avenir ».