La tempĂ©rature de l’air peut-elle dĂ©clencher une crise cardiaque ?

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Une étude étalée sur seize ans et menée chez plus de 280 000 patients suggère que la température de l’air est un déclencheur externe de la crise cardiaque. Les résultats de ces travaux ont été présentés il y a quelques jours au Congrès ESC.

Le cœur est un vaillant soldat qui a toutefois ses limites. L’infarctus du myocarde, communément appelé « crise cardiaque », est l’un des problèmes cardiaques les plus mortels. Les facteurs à risque sont nombreux. Parmi eux, on compte également la météo. Une vaste étude menée entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2013 sur 280 000 patients victimes confirme en effet ce que les chercheurs soupçonnaient déjà : les accidents sont beaucoup plus nombreux en hiver quand les températures approchent le zéro degré. Cette étude menée par le professeur David Erlinge, de l’Université de Lund (Suède), est à ce jour la plus complète permettant d’établir le lien entre crises cardiaques et des conditions météorologiques telles que la température de l’air, la durée d’ensoleillement, les précipitations et la pression de l’air.

« Il y a une variation saisonnière de la survenue d’une crise cardiaque, l’incidence diminuant en été, avec un pic observé en hiver », note le Dr Moman A. Mohammad, du Département de cardiologie de l’Université de Lund. « Il n’est pas clair en revanche si cela est dû à des températures plus froides ou à des changements de comportement ». Toutes les crises cardiaques traitées dans une unité de soins coronaires entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2013 ont été ici incluses dans l’étude. Les chercheurs ont également étudié les conditions météorologiques spécifiques au cours desquelles ces crises cardiaques sont survenues, en utilisant des données météorologiques locales fournies par l’Institut météorologique et hydrologique suédois (SMHI).

Au cours de la période d’étude, 280 873 crises cardiaques se sont produites. Les chercheurs notent que le nombre moyen de crises cardiaques par jour était significativement plus élevé durant l’hiver, avec environ quatre crises cardiaques supplémentaires en Suède lorsque la température moyenne quotidienne était inférieure à 0 °C par rapport à une température supérieure à 10 °C. En outre, l’apparition de crises cardiaques a également augmenté avec des vitesses de vent plus élevées, une durée limitée d’ensoleillement et une humidité de l’air plus élevée.

Les chercheurs en sont donc aujourd’hui convaincus : la météo est bien un facteur externe à prendre en compte. Le corps répond au froid en resserrant les vaisseaux sanguins, ce qui diminue la conduction thermique dans la peau et augmente ensuite la pression artérielle. « Chez la majorité des personnes en bonne santé, ces mécanismes sont bien tolérés », explique le Dr Mohammad. « Mais chez les personnes sujettes à l’athérosclérose par exemple, le risque de crise cardiaque devient beaucoup plus élevé ».

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