En utilisant un « paléothermomètre », les chercheurs ont pu évaluer la température du cratère de Chicxulub peu de temps après l’impact causé par l’astéroïde ayant entraîné l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années.
Retour sur les températures après l’impact de l’astéroïde tueur de dinosaures
Il y a 66 millions d’années, l’impact d’un astéroïde de 12 kilomètres de large à plus de 43 000 km/h provoquait la formation du cratère de Chicxulub dans le Golfe du Mexique, un événement majeur qui contribua à l’extinction des dinosaures. Récemment, des chercheurs, dirigés par Pim Kaskes de l’Université libre de Bruxelles, ont entrepris une étude approfondie du cratère en utilisant un « paléothermomètre » pour déterminer la température du site peu de temps après l’impact.
Pour rappel, le cratère de Chicxulub se trouve sous le fond de l’océan, dans le golfe du Mexique. Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont récupéré des échantillons de roches situées à plus de 700 mètres de profondeur. Ces roches offrent en effet des informations cruciales sur ce qui s’est passé juste après que l’astéroïde a frappé la Terre.
Pour comprendre les températures de l’époque, les chercheurs ont ensuite utilisé une méthode spéciale appelée « thermométrie à isotopes agglomérés de carbonate ». Cette technique analyse les liens entre différents types d’atomes dans les minéraux carbonatés (comme le calcaire) présents dans les roches. En examinant ces liens, les scientifiques ont pu remonter dans le temps et reconstruire les températures qui ont prévalu juste après l’impact de l’astéroïde. Ces informations ont été précieuses pour comprendre les conséquences de cet événement sur notre planète.
Une température plus élevée que prévu
L’étude a mis en lumière que les roches à l’intérieur du cratère de Chicxulub ont atteint une température exceptionnellement élevée, mesurée à 330 degrés Celsius à la fin du Crétacé, ce qui est supérieur à ce qui avait été estimé.
Dans le contexte géologique, ces températures auraient été suffisantes pour avoir des implications importantes sur les processus thermiques et chimiques qui ont suivi l’impact. Par exemple, elles pourraient avoir joué un rôle dans les réactions chimiques des roches, affectant ainsi la composition chimique du cratère. De plus, cela a probablement contribué à la vaporisation de certaines roches à proximité de l’impact, ce qui a des conséquences sur la compréhension de l’événement dans son ensemble.
Quelles conséquences sur la libération de CO2 ?
Cette révélation est également significative, car elle remet en question les notions antérieures concernant la libération de dioxyde de carbone pendant l’impact de l’astéroïde.
Initialement, on pensait en effet que l’impact d’un astéroïde libérait une quantité considérable de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cependant, les nouvelles données suggèrent que moins de CO2 aurait été libéré que ce qui était estimé précédemment.
Dans le détail, les températures générées par l’impact ont provoqué une décarbonatation thermique, un processus au cours duquel le dioxyde de carbone (CO2) est libéré des carbonates présents dans les roches. Ainsi, l’idée initiale était que cette libération de CO2 aurait été importante. Cependant, les nouvelles données suggèrent qu’une partie du CO2 libéré aurait pu être réutilisée dans un processus de réaction en retour rapide, où l’oxyde de calcium réactif se combine à nouveau avec le CO2 pour former de nouveaux cristaux de carbonate de calcium.
En résumé, bien que des températures très élevées aient provoqué la libération de CO2 des roches, une partie aurait pu être « piégée » à nouveau dans de nouveaux minéraux, réduisant ainsi la quantité nette de dioxyde de carbone qui est effectivement entrée dans l’atmosphère.
Cette révision pourrait avoir des implications importantes pour notre compréhension de l’extinction massive qui a suivi, car moins de dioxyde de carbone dans l’atmosphère aurait pu atténuer les conséquences du réchauffement climatique et de l’acidification des océans associées à cet événement.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue PNAS Nexus.