En Tasmanie, ces vagues bleues et bioluminescentes sont aussi belles qu’inquiétantes

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Le phénomène est splendide pour les yeux : des vagues illuminées de bleu scintillant qui échouent sur les côtes de Tasmanie. Ce phénomène naturel est pourtant un signal du danger qui pèse sur l’environnement.

Dans la baie de Tasmania’s Preservation et au Cap Rocky, au large des côtes sud de l’Australie, il est possible d’admirer l’un des spectacles les plus beaux qui soient : le littoral habillé d’un bleu scintillant. Il s’agit d’un phénomène naturel appelé bioluminescence et provoqué par le Noctiluca scintillans, un plancton microscopique plus communément connu sous le nom d’étincelle des mers.

Si ces organismes produisent cette lumière, il s’agit d’un mécanisme de défense émis chimiquement lorsqu’ils sont « dérangés ». Dans le mouvement des vagues, ils produisent cette lumière pour effrayer d’éventuels prédateurs voire pour attirer d’autres espèces qui pourraient les protéger. Ces algues ne sont pas toxiques pour les humains même si elles peuvent provoquer quelques irritations. Si ce phénomène est beau, il est cependant très inquiétant.

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« Ces apparitions sont un symptôme du réchauffement climatique », explique au journal New Scientist Anthony Richardson, du CSIRO, l’agence nationale scientifique d’Australie. Il n’y a encore qu’une vingtaine d’années, ces organismes n’existaient pas dans cette région du monde. Mais « comme l’océan Austral se réchauffe, il est devenu suffisamment chaud pour que Noctiluca survive », poursuit Anthony Richardson.

C’est également tout l’écosystème qui est menacé, ces organismes pouvant bousculer toute la chaîne alimentaire. En se nourrissant de plancton, elles provoquent la disparition d’autres algues en les affamant. Ce changement à la base de la chaîne alimentaire peut en modifier l’ensemble et même déranger les poissons plus gros que les gens mangent. Cet organisme se nourrit notamment des diatomées, des microalgues qui représentent également la nourriture des krills, une espèce proche de la crevette présente dans la région.

« Cela perturbe la chaîne alimentaire au détriment des pêcheries régionales et de la santé à long terme d’un écosystème soutenant une population côtière de près de 120 millions de personnes », écrivaient déjà en 2014 les chercheurs, dans la revue Nature. « Aussi merveilleuse et amusante que soit Noctiluca, il s’agit également d’une espèce qui pourrait causer la mort de poissons », ajoute aujourd’hui Gustaaf Hallegraeff, de l’Université de Tasmanie.

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