Les tardigrades peuvent se déplacer à dos d’escargots

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Crédits : Zofia Książkiewicz et Milena Roszkowska

Selon de nouvelles recherches, les tardigrades pourraient faire de l’auto-stop à dos d’escargots pour se déplacer plus loin qu’ils ne le pourraient par leurs propres moyens. Cependant, la couche de mucus visqueuse et particulièrement collante sécrétée par les escargots s’est avérée souvent fatale pour les petits oursons d’eau.

Aussi appelés oursons d’eau, les tardigrades sont de petits organismes connus pour endurer des conditions qui seraient autrement fatales à la plupart des autres formes de vie. Selon les espèces, certains peuvent en effet supporter des températures extrêmes, une pression écrasante, un rayonnement ultraviolet (UV), le vide de l’espace ou même survivre à un impact à grande vitesse en expulsant quasiment toute l’eau de leur corps. Il s’agit d’un processus connu sous le nom d’anhydrobiose.

De nombreuses études se sont ainsi concentrées sur les capacités de résistance et de résilience des tardigrades. En revanche, aucune ne s’était jusqu’à présent intéressée aux différents moyens de dispersion de ces animaux.

Se déplacer à dos d’escargot

La dispersion se définit comme tout mouvement d’individus ou de propagules ayant des conséquences potentielles sur le flux de gènes à travers l’espace. Dans le contexte des changements globaux actuels tels que la fragmentation des habitats ou la dégradation du climat, elle joue un rôle critique pour la persistance des espèces.

Bien que les tardigrades puissent nager et marcher, leurs petites pattes ne les portent pas bien loin. Ainsi, un ourson d’eau à la recherche d’un nouveau quartier pourrait avoir besoin d’une aide extérieure. Dans le cadre d’une nouvelle étude, une équipe dirigée par Zofia Książkiewicz-Parulska, de l’Institut de biologie environnementale de l’Université polonaise Adam Mickiewicz, s’est donc interrogée sur la capacité des escargots à servir de taxi pour les tardigrades. Et pour cause, ces deux types d’organismes partagent souvent le même environnement humide.

Pour ces travaux, publiés dans Scientific Reports, les auteurs ont collecté des escargots de bosquet (Cepaea nemoralis) et des tardigrades de l’espèce Milnesium inceptum. Tous coexistent dans les écosystèmes terrestres à travers l’Europe occidentale. Côté expériences, les scientifiques ont amené des escargots à ramper sur des gouttes d’eau et autres morceaux de mousse contenant des tardigrades pour déterminer combien de ces oursons ils ramasseraient. Certains étaient actifs quand d’autres étaient inactifs, soumis au processus d’anhydrobiose.

Il en est ressorti que tous adhéraient facilement au corps des escargots sur de courts trajets. Les escargots auraient ainsi transporté trente-huit auto-stoppeurs à partir de gouttelettes d’eau, tandis qu’une douzaine de tardigrades ont été ramassés sur la mousse. Dans certaines des expériences, les chercheurs ont également entouré le bassin aquatique des tardigrades d’une barrière physique. Dans ces contextes, seuls ceux à dos d’escargot ont réussi à traverser la frontière.

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Crédits : Zofia Książkiewicz

Un voyage risqué

Ce type de dispersion s’est également avéré particulièrement dangereux pour les tardigrades. Les auteurs de ces travaux ont en effet découvert que 98% de ceux non exposés au mucus d’escargot avaient survécu contre seulement 34% de ceux recouverts de mucus (qui a tendance à très vite sécher). Ils concluent ainsi que les escargots pourraient aider les tardigrades en les déplaçant vers de nouvelles zones, mais que de tels voyages pourraient aussi affecter les négativement en réduisant leurs chances de survie.

Enfin, notez que l’étude démontre que le transport à base d’escargots est possible pour certains tardigrades, mais en conditions contrôlées. Pour l’heure, on ignore encore si les tardigrades sont effectivement transportés de cette façon dans la nature et, si oui, à quelle fréquence. D’autres expériences pourraient chercher à le comprendre. Il serait également intéressant de savoir si les œufs de tardigrade peuvent également être dispersés à dos d’escargots.