Les tardigrades peuvent survivre à un coup de feu (jusqu’à un certain point)

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Crédits : AJ Cann

Une expérience menée en laboratoire suggère que les tardigrades, connus pour leur extrême robustesse, auraient du mal à survivre à un impact d’astéroïde sur la Terre. Cette étude, qui présente quelques limites, fait directement écho à la théorie de la panspermie qui suggère que des organismes terrestres seraient issus d’une « contamination » extraterrestre.

Les tardigrades, des créatures très résistantes

Les tardigrades sont souvent considérés comme les créatures les plus robustes de la planète. Et pour cause, ces petits invertébrés (environ 1 300 espèces recensées) sont connus pour supporter des températures aussi basses que -272°C, quand d’autres peuvent survivre de nombreuses années sans eau ni oxygène. Certaines espèces peuvent également supporter le vide spatial, quand d’autres s’acclimatent aux pressions océaniques écrasantes.

Comme le montrent de nouvelles recherches en astrobiologie, les tardigrades seraient aussi capables de survivre à des impacts à grande vitesse… mais seulement jusqu’à un certain point.

Coups de feu en laboratoire

Dans le cadre de ces travaux, une équipe dirigée par Alejandra Traspas, de l’Université Queen Mary de Londres, a tenté d’évaluer la capacité des tardigrades à survivre à des chocs d’impact extrêmes, et aux pressions qui y sont associées. Cette étude visait à tester l’hypothèse de la panspermie, l’idée non prouvée que les microbes extraterrestres peuvent « contaminer » un monde sans vie.

Pour cette expérience, les chercheurs ont recruté une vingtaine de tardigrades de l’espèce Hypsibius dujardin. Après un repas composé d’eau minérale et de mousse, ils ont été placés en hibernation. Puis des groupes de deux à trois individus ont été placés dans des puits remplis d’eau placés à l’intérieur d’un cylindre en nylon. Les chercheurs ont ensuite utilisé un pistolet à gaz léger à deux étages pour tirer dessus. Au total, six coups de feu ont été tirés à des vitesses allant de 556 à 1000 m/s.

En parallèle,  un groupe témoin d’une vingtaine de tardigrades a également été congelé, puis réanimé sans avoir subi de coups de feu. Tous ont survécu.

Après analyses des « victimes », il en est ressorti que certains tardigrades avaient bel et bien survécu à des tirs pouvant aller jusqu’à 900 m/s et générer 1,14 GPa de pression. Au-delà, cependant, « seuls des fragments de tardigrades ont été récupérés« , peut-on lire dans l’étude. Autrement dit, toutes les créatures ont été pulvérisées.

Au regard de ces résultats, il serait donc hautement improbable selon les auteurs que ces petits animaux, faisant du stop sur un astéroïde, puissent survivre à un impact sur un corps planétaire, soulignant que ces vitesses et pressions sont « typiques des impacts qui se produisent naturellement dans le Système solaire« .

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Crédits : Université de Stuttgart

Compliqué, mais pas impossible

En revanche, les chercheurs conviennent en effet que des créatures attachées aux astéroïdes pourraient essuyer de plus faibles pressions de choc en étant profondément nichées à l’intérieur, par exemple.

D’ailleurs, rappelons qu’en 2019, la sonde israélienne Beresheet, qui transportait un lot de tardigrades à bord, s’était accidentellement écrasée sur la surface lunaire à des vitesses atteignant 140 m/s. Autrement dit, en dessous du seuil de destruction des tardigrades enregistré dans cette nouvelle étude. Une question se pose alors : pourraient-ils avoir survécu à l’impact ? C’est possible. Néanmoins, à moins de nous rendre directement sur place pour constater, on le saura probablement jamais.

Enfin, même si cette expérience ne va pas forcément dans le sens de la panspermie, soulignons qu’elle ne se limite qu’aux tardigrades, et à une seule espèce. Il est ainsi concevable d’imaginer que d’autres organismes, tels que de simples microbes semblables à des bactéries, soient capables de résister à des facteurs de stress plus importants.