Découverte : un tardigrade piégé dans l’ambre depuis des millions d’années

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Crédits : Harvard/NJIT/ Holly Sullivan

Une équipe de paléontologues annonce avoir identifié les restes d’un tardigrade piégé dans l’ambre depuis seize millions d’années. D’après les analyses, il s’agirait d’une nouvelle espèce. Les détails de l’étude sont publiés dans les Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences.

Une découverte rare

De nos jours, les tardigrades, qui marchent comme des insectes, peuvent être trouvés dans n’importe quel environnement contenant de l’eau liquide, des profondeurs de l’océan aux glaciers, en passant par les mousses. Ces petites créatures sont notamment célèbres pour leurs capacités de survie, résistant à des températures, pressions et radiations extrêmes selon les espèces.

Leur petite taille et leur corps, essentiellement composé de tissus mous, impliquent malheureusement que les tardigrades soient très rares dans les archives fossiles. Seuls trois spécimens avaient été découverts jusqu’à présent, et ce, au Canada, aux États-Unis et en Sibérie occidentale. Dans le cadre d’une nouvelle étude, une équipe de paléontologues décrit une nouvelle espèce identifiée dans un morceau d’ambre en République dominicaine.

La découverte s’est faite tout à fait par hasard. À la base, l’équipe dirigée par le biologiste évolutionniste Phillip Barden, de l’Université de Harvard, sondait la présence de fourmis à l’intérieur. Au bout de plusieurs mois d’étude, l’un des laborantins a remarqué une forme trapue ressemblant à une chenille avec de minuscules pattes griffues au niveau du ventre. Des analyses ont ensuite permis de comprendre qu’il s’agissait d’un tardigrade. L’animal, qui mesure moins de 0,6 mm de long, serait vieux d’environ seize millions d’années (époque du Miocène).

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Le tardigrade présenté dans l’encadré. Le morceau d’ambre contenait également trois fourmis, un scarabée et une fleur. Crédits : Harvard/NJIT/Phillip Barden

Une nouvelle espèce

Le tardigrade ayant été piégé assez près de la surface de l’ambre, les chercheurs ont également pu l’analyser en détail. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur des techniques appelées microscopie à lumière transmise et à fluorescence confocale, examinant à la fois l’anatomie externe et une partie de la morphologie interne de l’animal.

Sur la base de la forme et de l’emplacement de ses griffes, les chercheurs soulignent qu’il intégrait la superfamille Isohypsibioidea, un groupe diversifié de tardigrades modernes. En revanche, certains aspects de son anatomie interne le distinguent des tardigrades apparentés. Son macroplacoïde, une structure dure située entre la bouche et l’œsophage, avait notamment une forme unique. Alors que les autres membres d’Isohypsibioidea développent deux à trois macroplacoïdes épais, ce fossile n’en présente qu’un seul mince, marqué d’une crête.

Et pour cette raison, l’équipe a déterminé qu’il s’agissait d’un nouveau genre et d’une nouvelle espèce désormais nommée Paradoryphoribius chronocaribbeus. À son époque, ce tardigrade évoluait probablement dans des conditions similaires à celles des ours d’eau modernes.