Une expérience récente menée en Finlande suggère que le simple fait de jouer dans la verdure et la litière d’un sous-bois permet de changer le système immunitaire des enfants.
Asthme, eczéma, diabète de type 1, maladies inflammatoires de l’intestin… les maladies auto-immunes (qui résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire) sont de plus en plus courantes en Occident. L’une des explications avancées permettant d’expliquer la tendance est celle de « l’hypothèse hygiéniste ». Concrètement, l’idée est qu’une exposition répétée à des éléments naturels comme la poussière, la saleté et le pollen pendant la jeunesse renforce le système immunitaire. Le manque d’exposition à ce type d’éléments induit naturellement l’effet inverse.
Les enfants sont exposés à beaucoup moins de microbes que par le passé. Cela signifie que leur système immunitaire est moins mis à mal et plus enclin à faire des erreurs.
Des recherches antérieures ont déjà montré des associations statistiques entre l’exposition à la diversité microbienne et le développement d’un système immunitaire plus sain. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Science Advances, est en revanche la première à proposer un véritable lien de causalité.
L’expérience
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs se sont attaqués aux terrains de jeux de plusieurs garderies en Finlande. Concrètement, ils ont obtenu l’autorisation de remplacer l’asphalte dans plusieurs aires de jeux par de l’herbe, des arbustes, des myrtilles, de la mousse et autres buissons récoltés en milieux forestiers.
Les enfants, 75 au total et tous âgés de trois à cinq ans, ont été séparés en deux groupes. Les premiers ont continué d’évoluer dans leur environnement bétonné, tandis que les autres ont été encouragés à jouer dans ces nouvelles zones aménagées pendant leur temps libre (en moyenne 90 minutes, cinq jours par semaine), et ce, pendant 28 jours.
Naturellement, les enfants s’en sont donné à cœur joie ! Les chercheurs ont prélevé des échantillons sanguins auprès de tous les participants, avant l’étude puis 28 jours après, pour analyser différents marqueurs du système immunitaire. Ils se sont également assuré de donner les mêmes repas à tous les enfants. Ceux qui profitaient de suppléments probiotiques n’ont pas intégré l’étude.
Un système immunitaire plus sain pour ces enfants
Résultat, les enfants dont les aires de jeux extérieures avaient été transformées en « mini-forêts » profitaient effectivement d’une plus grande diversité microbienne intestinale (un tiers plus élevée), une caractéristique liée à un système immunitaire globalement plus sain.
Les enfants qui sortaient davantage à l’extérieur présentaient également une concentration plus élevée d’un microbe appelé gamma-protéo-bactéries qui semblait stimuler la défense immunitaire de la peau des intéressés, augmenter les sécrétions immunitaires utiles dans leur sang et réduire leur teneur en interleukine 17A, liée aux maladies transmises par le système immunitaire.
D’après les chercheurs, cette nouvelle expérience montre qu’il serait donc possible d’améliorer le développement immunitaire des enfants avec des modifications relativement simples des environnements de vie en milieux urbains. Des recherches menées par la même équipe sont désormais en cours pour voir si le fait de donner un petit « coup de pouce » immunitaire aux enfants pourrait permettre de réduire les niveaux de maladies auto-immunes.