Syndrome du côlon irritable : et si c’était la faute… à la gravité ?

Syndrome colon irritable gravité
Crédit : DrAfter123

Une étude publiée récemment théorise que la gravité pourrait être l’une des causes du syndrome du côlon irritable. Plus précisément, cette maladie chronique pourrait être causée par une diminution de la capacité du corps à lutter contre cette force naturelle.

D’où le syndrome du côlon irritable vient-il ?

Le syndrome du côlon irritable est un trouble gastro-intestinal chronique. Il se manifeste par des douleurs abdominales récurrentes, la formation accrue de gaz, et une modification régulière de la fréquence et de la forme des selles. On estime que jusqu’à 10% de la population mondiale en souffre. Bien que sa pathogenèse demeure encore incertaine, plusieurs théories pourraient expliquer ces symptômes.

Tout d’abord, le syndrome du côlon irritable est largement considéré comme un trouble de l’interaction intestin-cerveau. Diverses recherches ont en effet déjà souligné le fort chevauchement de ces symptômes gastro-intestinaux avec les comorbidités psychologiques. Une autre idée pointe les anomalies du microbiome intestinal du doigt. On observe en effet, chez les personnes concernées une forte prévalence de certaines bactéries dans l’intestin grêle par rapport à d’autres. On observe également une réponse clinique aux thérapies proposant des antibiotiques et des régimes à faible fermentation.

Cependant, ce ne sont peut-être pas les seules causes. Selon Brennan Spiegel, gastro-entérologue à l’hôpital Cedars Sinai, la gravité, ou plutôt la capacité du corps à y faire face, pourrait aussi être un facteur contributif. Il détaille sa théorie dans un nouvel article publié dans l’American Journal of Gastroenterology.

L’idée lui est venue lorsqu’un membre âgé de sa famille, alité depuis plusieurs jours à l’hôpital, avait a commencé à souffrir de problèmes gastro-intestinaux. Le chercheur s’est alors demandé si le fait d’être à l’horizontale, et non à la verticale, pouvait jouer un rôle dans le développement des symptômes. Après tout, l’anatomie humaine a évolué pour se tenir debout, résistant à une force de gravité de 1 g. De fait, s’allonger pourrait-il d’une manière ou d’une autre interférer avec la fonction de l’intestin ? Et si nos « systèmes de résistance » à la gravité pouvaient aussi s’effondrer en raison du vieillissement ou de la maladie ?

Un problème d’échafaudage pourrait-il tout expliquer ?

L’intestin grêle des humains mesure environ de 4,75 à 6 m. Le tout est suspendu dans un réseau tridimensionnel très complexe par une feuille de tissu conjonctif appelée mésentère. Concrètement, ce dernier garantit que les intestins ne tombent pas sur le plancher de l’abdomen. Ainsi, tout affaissement ou panne de ce système de soutien (entraîné par la vieillesse et le manque de résistance à la gravité) pourrait entraîner une compression des intestins, interférant avec sa capacité à déplacer son contenu. Une compression à long terme pourrait aussi perturber les selles et même le microbiome.

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Crédits : mohamed_hassan/pixabay

En plus des effets du vieillissement et de la gravité, Spiegel souligne que d’autres troubles peuvent également affecter la structure du mésentère. Il y a une dizaine d’années, des chercheurs avaient en effet découvert que près de la moitié de tous les patients présentant des symptômes gastro-intestinaux inexpliqués avaient des problèmes d’hypermotilité articulaire. L’hypermotilité, qui rend les articulations trop flexibles, peut résulter d’un collagène faible et de tissus conjonctifs (dont le mésentère) très extensibles.

Nous savons que les femmes ont également un tissu conjonctif plus extensible. Il s’agirait d’une adaptation évolutive à la grossesse et à l’accouchement. Or, nous savons qu’elles sont aussi plus sujettes au syndrome du côlon irritable et à la constipation.

Le chercheur admet que son hypothèse doit encore être testée et validée, mais les causes de ce syndrome n’étant pas encore précisément isolées, toutes les idées sont bonnes à prendre.