Une équipe d’astronomes annonce la découverte d’un véritable « mur de nuages » long de plusieurs milliers de kilomètres se déplaçant autour de Vénus. C’est la première fois qu’un tel phénomène est observé dans le Système solaire.
Vénus est un vrai laboratoire atmosphérique où tout vire à l’extrême. Et pour cause : son enveloppe très épaisse, qui se compose quasi entièrement de dioxyde de carbone, tourne soixante fois plus vite que la planète elle-même. En conséquence, des vents d’une incroyable puissance peuvent se former. La température de surface moyenne est également très chaude, estimée à 471°C, et la pression atmosphérique est cent fois supérieure à celle de la Terre.
Du jamais vu dans le Système solaire
Cette atmosphère particulière est propice à la formation d’énormes vagues nuageuses. L’une d’elles vient d’être découverte par une équipe de l’Agence spatiale japonaise (JAXA), s’appuyant sur les données de l’orbiteur Akatsuki, enregistrées entre 2016 et 2018.
Cette caractéristique ressemblait beaucoup à une onde atmosphérique. Toutefois, la structure semble s’être formée beaucoup plus profondément que n’importe quelle autre vague atmosphérique jamais vue sur Vénus, prenant racine à entre 47,5 et 56,5 km d’altitude dans la couche nuageuse responsable de l’effet de serre qui rend la surface de la planète si chaude.
En outre, d’après les données, ce « mur de nuages » de 7500 kilomètres de long semble filer d’est en ouest le long de l’équateur à plus de 328 kilomètres par heure. Ce faisant, il fait un tour complet de la planète en 4,9 jours terrestres. À titre de comparaison, les autres nuages retrouvés à ces altitudes sont un peu plus lents, avec une période de rotation d’environ 5,7 jours.
Toujours d’après l’étude, il semblerait également que cette étonnante structure se soit développée il y a plusieurs décennies, dès 1983. En revanche, les astronomes ignorent encore ce qui en est à l’origine.
« Cette perturbation atmosphérique est un nouveau phénomène météorologique, invisible sur d’autres planètes. Pour cette raison, il est encore difficile de fournir une interprétation physique confiante« , souligne en effet Pedro Machado, de l’Institut d’astrophysique et des sciences spatiales du Portugal. D’autres observations sont en cours pour tenter d’élucider ce nouveau mystère atmosphérique.
Divers projets à l’étude
Malgré ces conditions dantesques, Vénus fait actuellement toujours l’objet de projets d’études. L’agence spatiale indienne envisage notamment l’envoi d’une sonde autour de Vénus dans le but d’étudier sa surface et son atmosphère plus en profondeur. La mission pourrait voir le jour en 2023.
Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs proposait également l’envoi d’aéronefs ressemblant à des raies volantes dans son atmosphère, dans le but de mieux appréhender sa composition.
Enfin, la NASA propose de son côté un « retour à l’ancienne », développant depuis quelques années l’Automaton Rover for Extreme Environments (AREE). Il s’agit d’un concept de machine ultra résistante et entièrement mécanique capable d’explorer et d’étudier différentes unités géologiques à la surface de Vénus.
Et pour cause, aucun instrument envoyé sur place n’a réussi à survivre très longtemps. Le plus grand exploit revient à la sonde Venera 13 qui a réussi à transmettre 22 photos et à analyser une roche vénusienne en 1982. Elle a finalement résisté 127 minutes avant de rendre l’âme.