Une nouvelle ère s’ouvre dans le monde du calcul intensif. Le supercalculateur El Capitan, récemment mis en service au Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) en Californie, est désormais officiellement le plus rapide du monde. Ce dernier permettra de réaliser des simulations d’une précision sans précédent, notamment pour garantir la sécurité des arsenaux nucléaires américains, et cela sans recourir à des tests physiques interdits depuis 1992.
Qu’est-ce qu’un supercalculateur ?
Un supercalculateur est bien plus qu’un simple ordinateur. Contrairement aux machines que nous utilisons au quotidien pour écrire, naviguer sur Internet ou exécuter des logiciels divers, un supercalculateur est spécialement conçu pour effectuer un immense volume de calculs complexes en un temps record. Son but : résoudre des problèmes scientifiques, technologiques ou industriels qui dépassent les capacités des ordinateurs traditionnels.
Ces machines exceptionnelles fonctionnent en traitant simultanément des millions, voire des milliards d’opérations mathématiques. Leur performance se mesure en FLOPS (Floating Point Operations Per Second), une unité qui évalue leur capacité à réaliser des calculs dits « à virgule flottante ». Ces derniers sont indispensables dans des domaines exigeant une grande précision, comme la modélisation de phénomènes physiques, l’analyse génétique ou encore les simulations d’ingénierie de pointe.
Pour donner une idée de leur puissance, un ordinateur portable moderne atteint généralement plusieurs centaines de gigaFLOPS (des milliards d’opérations par seconde). Les supercalculateurs d’aujourd’hui franchissent quant à eux l’échelle des exaFLOPS, c’est-à-dire des quintillions d’opérations par seconde (10¹⁸). Cette différence est vertigineuse : un supercalculateur est souvent un milliard de fois plus rapide qu’un ordinateur classique.
Imaginez des simulations complexes, comme prévoir les changements climatiques mondiaux, modéliser des réactions nucléaires ou analyser d’immenses bases de données génétiques. Ces tâches, qui prendraient des années à un ordinateur classique, sont exécutées en quelques heures, voire en quelques minutes, par ces géants technologiques.
El Capitan : le supercalculateur le plus rapide au monde
Dans le domaine des supercalculateurs, un nouveau champion a vu le jour : El Capitan, officiellement inauguré en janvier 2025 au Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) en Californie. Conçu dans le cadre du programme CORAL-2 du Département américain de l’Énergie, ce bijou technologique marque un tournant dans l’histoire des supercalculateurs.
Avec une performance exceptionnelle de 1,742 exaFLOPS (et un pic maximal à 2,746 exaFLOPS), El Capitan surpasse son prédécesseur, Frontier, qui affichait une performance de 1,353 exaFLOPS. Pour atteindre de telles vitesses, El Capitan repose sur une architecture de pointe : 44 544 unités AMD MI300A combinant des processeurs ultraperformants, des cartes graphiques avancées et une mémoire à large bande passante. Ce système optimise à la fois la rapidité et l’efficacité énergétique, un défi majeur pour des machines de cette envergure.

À quoi servira El Capitan ?
L’une des missions principales d’El Capitan est de garantir la sécurité nationale des États-Unis. Depuis l’interdiction des essais nucléaires souterrains en 1992, les scientifiques doivent en effet s’appuyer sur des simulations pour évaluer la fiabilité et la sécurité des armes nucléaires. Avec sa puissance de calcul, El Capitan pourra modéliser des scénarios extrêmement complexes, simulant par exemple le comportement de matériaux sous des conditions extrêmes.
Toutefois ses applications ne s’arrêtent pas là. Le supercalculateur sera également utilisé pour découvrir de nouvelles structures atomiques qui pourraient révolutionner des industries comme l’énergie ou l’aérospatial, ou encore pour simuler les interactions entre particules dans des environnements comparables à ceux des étoiles. Il sera également utilisé en climatologie pour simuler avec une précision accrue les impacts du changement climatique, mais aussi dans le domaine de la santé pour analyser des milliards de données génétiques et accélérer la découverte de nouveaux traitements.
Ces innovations ouvrent la voie à des projets encore plus ambitieux, rendant l’inaccessible tangible.
El Capitan marque donc une nouvelle étape dans la course mondiale aux supercalculateurs. Détenir un tel outil est non seulement un atout scientifique, mais aussi un enjeu stratégique. En effet, dans un monde où les données et la puissance de calcul sont devenues des armes à part entière, disposer du supercalculateur le plus rapide du monde donne aux États-Unis un avantage considérable.