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Des chercheurs proposent de suivre le recul des glaciers grĂ¢ce aux ondes sonores

Crédits : CC0 Public Domain.

Et si nous pouvions suivre le rythme de fonte de certains glaciers simplement en tendant l’oreille ? Ă€ supposer que l’oreille en question soit un rĂ©seau de stations destinĂ© Ă  la surveillance acoustique, c’est bien l’idĂ©e que le professeur Hayden Johnson et son Ă©quipe ont rĂ©cemment prĂ©sentĂ©e Ă  la 181e rencontre de l’Acoustical Society of America.

ExposĂ© lors d’une confĂ©rence qui s’est tenue le 3 dĂ©cembre dernier Ă  Seattle (Washington, États-Unis), le projet repose sur le fait suivant. Lorsque les glaciers fondent, l’air jusqu’alors piĂ©gĂ© dans la glace sous forme de petites bulles finit par s’échapper. Or, cet air a Ă©tĂ© lentement compressĂ© au fil de son Ă©volution vers la base du glacier. La pression dans les bulles peut ainsi atteindre près de 20 000 hectopascals. La libĂ©ration des bulles lors de la fonte basale s’accompagne par consĂ©quent d’une Ă©mission d’ondes sonores.

Toutefois, ces dernières ne sont dĂ©tectables qu’Ă  proximitĂ© des glaciers dont le front repose sur une Ă©tendue d’eau, laquelle agit comme une caisse de rĂ©sonnance. On parle communĂ©ment de glacier de marĂ©e. « Nous avons observĂ© que l’intensitĂ© du son gĂ©nĂ©rĂ© par la fonte d’un front glaciaire tend Ă  augmenter Ă  mesure que la tempĂ©rature de l’eau augmente », rapporte Grant Deane, chercheur Ă  l’Institut d’ocĂ©anographie de Scripps (Californie, États-Unis). « Cela a du sens, car nous nous attendons Ă  ce que le front fonde plus rapidement dans des eaux plus chaudes, libĂ©rant plus rapidement les bulles dans l’ocĂ©an et gĂ©nĂ©rant plus de son ».

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Front d’un glacier de marĂ©e, ici en AmĂ©rique du Nord. CrĂ©dits : Wikimedia Commons.

Améliorer la surveillance des glaciers dans un contexte du réchauffement climatique

Si cette technique novatrice tient ses promesses d’un point de vue opérationnel, elle permettra d’effectuer un suivi plus précis de l’impact du changement climatique sur les glaciers de marée. Comme les langues terminales sont souvent difficiles d’accès et soumises à des processus largement inaccessibles aux satellites (comme la fonte basale), la méthode a le potentiel pour apporter une contribution précieuse à la surveillance de l’environnement planétaire.

« Enregistrer les sons sous-marins d’un front glaciaire en retrait ouvrira la porte Ă  une surveillance acoustique Ă  long terme de la perte de glace et de son lien avec la tempĂ©rature de l’eau », note Ă  cet Ă©gard Grant Deane. « Ici, le but du jeu est d’Ă©tablir des stations d’enregistrement Ă  long terme des sons sous-marins autour des glaciers tels que ceux du Groenland et du Svalbard, afin de surveiller l’évolution de leur stabilitĂ© au fil du temps ». Affaire Ă  suivre !