La stratégie qui a poussé la CIA a déclassifier 13 millions de pages de documents

Crédits : Wikipedia / CIA

Il y a quelques jours, la Central Intelligence Agency (CIA) a déclassifié environ 13 millions de pages de documents sous une pression citoyenne soutenue par un organisme spécialisé dans les demandes d’accès aux informations publiques. Une stratégie qui s’est avérée payante.

Comment l’organisme MuckRock, son avocat et un citoyen engagé ont-ils réussi à pousser les services secrets américains à publier l’intégralité de leur base de données de dossiers déclassifiés remontant aux années 1940, à la guerre du Vietnam ou encore à la guerre froide ?

En théorie, la base de données CREST contenant des documents « inestimables d’un point de vue historique » et conservée aux Archives nationales de College Park, dans le Maryland, a été déclassifiée en 1995 à la suite d’une ordonnance de Bill Clinton, l’ancien Président des États-Unis. Mais pour limiter la consultation de ces documents, ceux-ci n’étaient accessibles que sur quatre ordinateurs fixes sur le site des archives et à des horaires très restreints. De plus, sur son site web, la CIA précisait que les visites aux archives « peuvent être gênantes et dissuasives pour les chercheurs ».

C’est alors une stratégie en deux temps qui a été mise en place pour pousser l’Agence à rendre ces documents totalement publics. D’abord, en juin 2014, c’est MuckRock, « un organisme à but non lucratif qui aide les personnes à déposer des demandes d’accès aux informations publiques (Freedom of Information Act) », qui a poursuivi la CIA en justice pour avoir rendu sa base de données « techniquement publique, mais en pratique largement inaccessible ». L’organisme était représenté par Ken McClanahan, avocat auprès des National Security Counselors, un groupe spécialisé en droit à la transparence.

Dans le même temps, un citoyen utilisateur de MuckRock, Michael Best, a mis la pression à la CIA au travers d’un projet citoyen. Le principe : passer des centaines d’heures aux Archives pour imprimer, numériser et télécharger des documents afin de les rendre accessibles au public. Il a alors profité d’une faille, la CIA ne fait pas payer les photocopies et les numérisations.

Durant son opération de grande ampleur, la CIA perdait alors de l’argent pendant que le procès se poursuivait. Au départ, l’Agence estimait qu’il fallait environ 28 ans à une personne pour télécharger l’ensemble des documents, mais une révision de l’estimation a ramené cette dernière à environ six ans. Finalement, elle a cédé et annoncé en octobre qu’elle allait publier les documents en ligne dès que possible.

« Nous espérions que la pression financière et la mauvaise publicité finiraient par pousser la CIA à publier elle-même ces documents. Le but était d’avoir recours au droit, mais surtout, de faire de la mise à disposition des archives une commodité pratique : l’inéluctabilité de la publication a obligé l’agence à prendre les choses en main », explique Michael Best dans un billet de glomardisclosure. Depuis ce mardi 17 janvier, l’ensemble de ces documents est disponible en ligne, en suivant ce lien.

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