Cléopâtre statue et pièce de monnaie
Crédits : Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités - Montage : SciencePost.fr

Une archéologue affirme avoir trouvé une statue de Cléopâtre dans son présumé tombeau

Kathleen Martinez, une avocate devenue archéologue, est à la recherche du tombeau de Cléopâtre VII depuis près de vingt ans. Avec son équipe, elle pense avoir mis au jour un petit buste en marbre qui représenterait la reine égyptienne dans le temple de Taposiris Magna, à l’ouest d’Alexandrie, où elle réalise des fouilles depuis dix ans. Elle est aussi persuadée que ces lieux pourraient abriter le tombeau de Cléopâtre, dont l’emplacement reste inconnu. Néanmoins, tous les archéologues ne partagent pas ses convictions.

Cléopâtre, une femme de pouvoir qui intéresse fortement les archéologues

Cléopâtre VII faisait partie de la dynastie macédonienne qui a régné sur l’Égypte. Pendant son règne, elle a formé des alliances politiques et s’est impliquée sentimentalement avec les chefs militaires romains Jules César et Marc Antoine. En 51 av. J.-C., Ptolémée XII est mort en laissant le trône à Cléopâtre, alors âgée de dix-huit ans, et à son frère Ptolémée XIII, âgé de dix ans. Pour respecter la coutume de l’époque, les deux se sont mariés.

Les troubles politiques et les difficultés économiques ont toutefois profondément altéré l’entente entre les deux souverains. Cléopâtre a finalement fui en Syrie, formé une armée et mené une bataille pour récupérer son trône. Elle est décédée en 30 av. J.-C. et reste l’une des figures les plus célèbres de l’Antiquité.

Très importante en archéologie, cette dernière reine de l’Égypte ptolémaïque incarne une période charnière marquée par l’interaction entre les cultures égyptienne, grecque et romaine, d’où un attrait particulier des historiens pour la recherche de son tombeau et d’artefacts en lien avec elle. Découvrir son tombeau permettrait en effet non seulement de mieux comprendre les rites funéraires de cette époque, mais également d’éclairer sa véritable identité, souvent déformée par les récits historiques et la propagande romaine. Les artefacts (pièces de monnaie, bustes, peintures, etc.) enrichissent quant à eux notre compréhension des représentations politiques et culturelles de son règne.

De plus, découvrir son tombeau pourrait résoudre des mystères historiques liés à l’une des figures historiques les plus intrigantes, comme la manière exacte dont elle a été enterrée et son influence réelle sur le pouvoir dans l’Égypte ancienne.

Une statue de Cléopâtre (…ou pas)

Dans la cité antique de Taposiris Magna, fondée vers 280 av. J.-C. près de la mer Méditerranée, on compte plusieurs temples dédiés à Osiris, Isis et d’autres divinités. Le fragment d’un buste représentant un roi toujours non identifié coiffé du Némès (une coiffe qui couvre la tête et les épaules) y a par ailleurs été trouvé dans le temple de la ville, selon une déclaration traduite du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités. Toutefois, les archéologues semblent plus s’intéresser à une petite statue découverte sous un mur du temple.

Et s’il n’y a aucun doute sur l’existence de cette statue (un petit buste en marbre blanc qui tient dans une main et représente une femme portant une couronne royale), l’identité de la femme qu’il représente fait toutefois débat. La Dre Kathleen Martinez, qui dirige la mission archéologique égypto-dominicaine en collaboration avec l’Université Nationale Pedro Henríquez Ureña sur le site, estime en effet qu’il s’agit bel et bien de la reine Cléopâtre VII.

statue de cléopatre... ou pas
Crédits : Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Néanmoins, ainsi qu’on peut le lire dans le communiqué officiel, de nombreux archéologues estiment que « les traits faciaux de cette statue sont très différents de ceux de la reine Cléopâtre, il s’agirait donc probablement d’une princesse » ou d’une femme noble. « J’ai examiné le buste attentivement », insiste notamment Zahi Hawass, ancien ministre égyptien des Antiquités qui ne participe pas aux fouilles actuelles et qui pense que le buste date d’après l’époque de Cléopâtre. « Ce n’est pas Cléopâtre du tout ; c’est romain », ajoute-t-il.

D’autres découvertes significatives sur le site

pièce de monnaie à l'effigie de Cleopatre
Crédits : Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

À Taposiris Magna, les archéologues ont également mis au jour 337 pièces de monnaie, dont beaucoup représentent Cléopâtre VII, à proximité des bustes. En outre, ils ont trouvé divers autres artefacts, tels que des lampes à huile, une bague en bronze dédiée à Hathor (une déesse du ciel associée à la fertilité et à l’amour) et une amulette gravée avec l’inscription « La justice de Râ [le dieu du soleil, NDLR] s’est levée ». Une collection de poteries trouvées sur place permet de dater cette section du mur au 1er siècle av. J.-C.

Tous ces artefacts ont été découverts à proximité et faisaient partie d’un dépôt de fondation dans le temple. Les anciens Égyptiens enterraient en effet souvent un ensemble d’objets avant de commencer la construction d’un édifice important.

poteries pièces de monnaies et statue de Cléopâtre découvertes à Taposiris Magna, Égypte ancienne
Crédits : Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Par ailleurs, l’équipe a découvert les vestiges d’un autre temple datant de l’époque grecque à Taposiris Magna, utilisé entre le IVe et le IIe siècles av. J.-C., pendant la période ptolémaïque. À proximité de ce temple, ils ont exhumé une nécropole contenant au moins vingt tombes. Ils ont également exploré les fonds marins où ils ont trouvé des restes humains, des poteries et des structures dont l’identité et la datation n’ont pas encore été établies.

À mesure que les fouilles continuent, la quête de Cléopâtre se poursuit elle aussi, entre incertitudes et découvertes passionnantes.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.