Aux États-Unis, une société suscite la controverse avec un projet qui associe fécondation in vitro et analyse des embryons. L’initiative est assez floue et pose évidemment plusieurs questions sur le plan de l’éthique.
Un projet de tri des embryons qui manque de clarté
La start-up Heliospect Genomics propose aux personnes qui ont recours à la fécondation in vitro (FIV) d’analyser pour eux les embryons conçus. L’objectif ? Déterminer le quotient intellectuel du futur bébé. La start-up explique sur sa plateforme officielle vouloir améliorer la santé humaine en proposant des solutions adaptées de manière anticipée. Dans une publication du 18 octobre 2024, le groupe d’intérêt britannique Hope not Hate a dévoilé les images de cadres d’Heliospect Genomics affirmant pouvoir augmenter le QI d’un enfant de plus de six points grâce à leurs solutions.
Cependant, rien n’est vraiment clair dans cette affaire. La start-up trie-t-elle les embryons afin de conserver ceux ayant le QI le plus élevé ? Ou s’agit-il d’une réelle capacité d’activer un supposé gène de l’intelligence ? La réponse reste encore un mystère. En attendant, il faut savoir que le gène de l’intelligence n’est qu’une fiction. En effet, l’intellect reçoit l’influence de dizaines de gènes différents et représente une notion finalement assez floue et très difficile à quantifier.
Peut-on parler d’eugénisme ?
Aussi vagues qu’obscurs, les services que propose Heliospect Genomics posent évidemment des questions d’ordre éthique. Il est d’ailleurs tout à fait possible d’utiliser le mot eugénisme dans cette situation, car il semble bien question de déterminer les conditions les plus favorables à la procréation de sujets sains et par extension d’améliorer la race humaine. Il s’agit donc ici clairement de sélection génétique basée sur la préférence. De plus, au-delà des promesses d’un QI élevé, la société propose également de classer les embryons en fonction de « traits disgracieux que tout le monde chercherait à éviter », comme l’indique The Guardian dans un article sur le sujet. Parmi ces traits, nous retrouvons les risques de développer de l’obésité et des maladies mentales.
« Notre mission est de trouver des variantes génétiques associées à des maladies courantes et à des traits psychologiques. Nous nous engageons à utiliser nos connaissances pour améliorer la santé humaine« , peut-on notamment lire sur le site de la start-up.
Si les détails des processus en action ne sont pas connus, Heliospect Genomics semble en tout cas se porter à merveille. La start-up facture à des clients fortunés la somme de 50 000 euros pour analyser une centaine d’embryons provenant de la fécondation in vitro. Enfin, malgré les questions concernant l’éthique et le soutien de certains individus influents dans les communautés pronatalistes et pro-eugénistes, les autorités américaines ne semblent pas vraiment s’intéresser aux activités de Heliospect Genomics.