Pourquoi ces squelettes du XVIIe siècle ont été retrouvés avec une faucille sous la gorge

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Cinq squelettes viennent d’être mis au jour dans un cimetière polonais du XVIIe siècle. Leur particularité : présenter une faucille sous la gorge.

Il existe en Pologne des sépultures bien étranges, et étrangement sordides. Cinq tombes reprenant un étrange rituel ont récemment été mises au jour dans un cimetière médiéval du 17e siècle situé à Drawsko, en Pologne. Petite particularité : Les défunts, d’âge et de sexe différent, présentaient une faucille sous la gorge. Un moyen d’empêcher les défunts de revenir d’entre les morts ?

Au 17e siècle, les mythes autour du vampirisme étaient bien ancrés dans les esprits. Considérait-on alors que les défunts concernés possédaient des pouvoirs surnaturels qu’il fallait combattre ? « Les faucilles placées dans une tombe garantissaient que le mort resterait dans son cercueil et ne reviendrait pas hanter les vivants », expliquent les archéologues, qui ajoutent que ces pratiques étaient réservées aux personnes jugées dangereuses pour la communauté. Mais qui étaient-ils, exactement ?

Ces corps sont ceux d’un homme de 35 à 44 ans, de deux femmes d’une trentaine d’années, d’une autre d’une soixantaine d’années et d’une adolescente de 14 à 19 ans. Selon les analyses des isotopes de strontium effectuées à partir de l’émail dentaire, il ne s’agirait pas d’étrangers. Des traces verdâtres, localisées à proximité de leurs crânes, indiquent que des pièces de monnaie avaient aussi été déposées dans leur sépulture, la femme de 60 ans ayant même été inhumée avec une monnaie de cuivre dans la bouche. Mais pourquoi un tel traitement ?

La récente apparition des vampires dans la littérature, les séries TV ou les romans a fait place à l’émergence d’un nouveau mythe. Mais à l’époque, on y croyait vraiment, au point que tout comportement inhabituel était alors associé aux démons. Selon certains scientifiques, l’épidémie de choléra qui traversa la plupart de l’Europe de l’Est durant le 17e siècle pourrait bien être l’explication derrière ces pratiques mortuaires.

En effet, une épidémie de choléra est bel et bien évoquée dans cette région au cours du 17e siècle. Ainsi, il est possible que ces défunts aient été les premiers à en être victimes, obtenant de surcroît la réputation de vampires : « Ces maladies étaient des choses dont les gens avaient peur — particulièrement le choléra, qui pouvait vous tuer en quelques jours ou heures. Les personnes ne savaient pas que cela se transmettait par une bactérie présente dans l’eau potable contaminée. Et parce qu’ils ne pouvaient pas l’expliquer, ils ont associé le choléra au surnaturel, particulièrement aux vampires » explique Lesley Gregoricka, de l’University of South Alabama.

Le choléra, dont l’incubation variait de quelques heures à quelques jours, était suivi de violentes diarrhées et de vomissements, sans fièvre. La maladie étant encore inconnue à l’époque, ses symptômes auraient ainsi pu être perçus comme un signe surnaturel. D’où l’utilisation de la faucille. À l’époque, les Slaves croyaient en effet que des objets en fer durs et pointus, destinés à « sabrer » ou « poignarder », détenaient des vertus dites « apotropaïques », c’est-à-dire destinées à détourner le danger.

Source : S & A