Tôt ce mercredi matin, le premier étage d’une fusée Falcon 9 de SpaceX a effectué son vingt-troisième lancement depuis la Floride. Ce vol visait à mettre en orbite vingt et un satellites Starlink, incluant treize des modèles les plus avancés. Cependant, la mission a été marquée par un incident majeur lors de l’atterrissage du propulseur qui a mis en lumière des défis persistants pour la société aérospatiale.
Pourquoi SpaceX récupère ses fusées
La récupération des fusées est au cœur de la stratégie de SpaceX pour rendre l’exploration spatiale plus économique. Traditionnellement, les fusées étaient utilisées une seule fois, puis jetées, ce qui entraînait des coûts élevés pour chaque mission. En réutilisant les premiers étages des fusées Falcon 9, SpaceX vise à diminuer ces coûts. L’idée est similaire à celle de réutiliser des avions : en récupérant et en réutilisant les parties coûteuses des fusées, l’entreprise peut amortir les frais de fabrication sur plusieurs vols.
SpaceX peut ainsi également augmenter la fréquence des lancements. Cette capacité à lancer plus souvent pourrait accélérer l’exploration spatiale et les missions de satellite afin de rendre l’accès à l’espace plus régulier et moins coûteux.
Comment ça marche ?
Dans le détail, lorsqu’une fusée Falcon 9 décolle, son premier étage fournit la poussée nécessaire pour sortir de l’atmosphère terrestre et placer la charge utile en orbite. Après avoir consommé une grande partie de son carburant, le premier étage se sépare du deuxième étage qui poursuit alors la mission.
Le propulseur entame ensuite son retour vers la Terre. Pour ce faire, il utilise ses moteurs pour effectuer une manœuvre appelée « boostback burn » qui ajuste sa trajectoire pour le rapporter vers un site de récupération spécifique. Ensuite, il effectue une série de brûlures de contrôle, y compris la « entry burn » pour réduire sa vitesse lorsqu’il entre dans l’atmosphère et la « landing burn » pour ralentir avant l’atterrissage.
SpaceX a mis en place deux types de sites d’atterrissage pour ses fusées : une plateforme flottante en mer et une zone d’atterrissage terrestre située sur la côte. L’option de la plateforme en mer est généralement utilisée pour les lancements qui nécessitent une orbite plus élevée, tandis que l’atterrissage terrestre est préféré pour les lancements moins exigeants. L’atterrissage est une opération délicate qui nécessite une précision extrême pour garantir la stabilité du propulseur.
Un atterrissage manqué rare
La récupération des fusées n’est pas sans défis. Les conditions de retour, en particulier lors de l’atterrissage en mer, sont souvent imprévisibles et difficiles. Les ingénieurs de SpaceX ont dû développer des technologies avancées pour assurer une récupération réussie, notamment des systèmes de navigation et de contrôle sophistiqués. Malgré tout, il peut y avoir des ratés comme en témoigne ce dernier vol.
La mission a connu un succès initial avec la mise en orbite des satellites. Toutefois, le retour du premier étage, qui devait se poser en douceur, a mal tourné. Peu après l’atterrissage, le propulseur a en effet manqué de stabilité et s’est renversé. Ce contretemps est particulièrement notable pour SpaceX qui avait réussi à poser 267 propulseurs de manière consécutive avant cet incident. Le dernier échec remontait à février 2021.
Le problème exact chez cette fusée qui avait pourtant déjà volé vingt-deux fois avant cet échec. reste à déterminer. SpaceX a indiqué que les équipes étaient en train d’évaluer les données de vol et l’état du premier étage. Les premières analyses suggèrent un possible problème de synchronisation de la combustion du moteur, bien que la cause précise demeure floue.
Quelles implications pour les prochains lancements de SpaceX ?
Cet échec a des répercussions immédiates sur les opérations de SpaceX. La société a en effet décidé d’annuler un autre lancement de satellites Starlink prévu plus tard dans la journée depuis la base spatiale de Vandenberg, en Californie. Cette décision visait à permettre aux équipes de se concentrer sur l’analyse de l’échec survenu en Floride, plutôt que de risquer des complications supplémentaires.
Par ailleurs, l’incident pourrait également affecter le lancement très attendu de la mission Polaris Dawn. Prévue pour transporter Jared Isaacman et trois autres astronautes, cette mission privée vers une orbite élevée est au cœur des projets de SpaceX. Or, le lancement de Polaris Dawn avait déjà été retardé à cause d’une fuite d’hélium et de conditions météorologiques défavorables.
Ainsi, tandis que l’échec de l’atterrissage du propulseur Falcon 9 marque un retour à la réalité pour la société, il rappelle également les complexités inhérentes à l’exploration spatiale.