Le 27 mai 2025, SpaceX a franchi une nouvelle étape dans le développement de son ambitieux vaisseau Starship, avec le neuvième vol d’essai du véhicule complet depuis sa base de lancement de Starbase, au Texas. Si la mission s’est soldée par une perte de contrôle du vaisseau et une rentrée atmosphérique non maîtrisée, les progrès réalisés lors de ce Vol 9 marquent néanmoins un tournant décisif pour le programme. Car derrière les apparences d’un nouvel échec se dessinent les contours d’un système de lancement réutilisable aux capacités inégalées, pensé pour la Lune, Mars… et bien plus encore.
Une ascension nominale… jusqu’à l’espace
Le décollage du Starship, composé de son étage principal Super Heavy et du vaisseau orbital, a eu lieu à 19h36 heure de l’Est après un léger contretemps technique. Ce retard, dû à un raccord rapide défectueux sur l’équipement au sol, a nécessité une brève pause dans le compte à rebours, preuve du niveau de contrôle et de sécurité désormais atteint.
Les 33 moteurs Raptor du booster ont propulsé sans accroc le Starship en dehors de l’atmosphère terrestre, atteignant la phase suborbitale prévue. Ce moment, crucial, marque un succès important par rapport aux précédents vols de janvier et mars, où des défaillances avaient été détectées durant l’ascension.
Une rentrée atmosphérique compromise
Cependant, peu après l’extinction des moteurs de l’étage supérieur, des signes inhabituels sont apparus. Des vidéos ont révélé un roulis lent et des évacuations de propergol – les ergols utilisés par les moteurs – suggérant une anomalie. Environ 30 minutes après le lancement, SpaceX a confirmé une fuite de carburant, à l’origine d’une perte de contrôle d’attitude du véhicule.
Sans contrôle de son orientation, le vaisseau n’a pas pu effectuer une rentrée atmosphérique contrôlée comme prévu. SpaceX a alors choisi de “passiver” le véhicule – c’est-à-dire de purger le carburant restant – pour garantir une rentrée sécurisée au-dessus de l’océan Indien.
Une porte qui ne s’ouvre pas… et d’autres tests annulés
Ce vol visait également à valider plusieurs autres innovations, dont l’ouverture de la soute du Starship pour y larguer huit satellites Starlink simulés. Cette étape aurait permis de tester la capacité du vaisseau à déployer des charges utiles. Mais la porte ne s’est pas entièrement ouverte, empêchant l’opération. On ignore encore si cette défaillance est liée à la fuite ayant compromis le vol.
Autres objectifs manqués : le rallumage d’un moteur Raptor en orbite, et le test de nouveaux matériaux thermiques, destinés à protéger le vaisseau lors de sa rentrée dans l’atmosphère. Ces essais cruciaux seront probablement reprogrammés sur les prochains vols.

Le booster Super Heavy, quant à lui, a rempli sa part du contrat
Ce vol marquait également une première : l’utilisation d’un booster déjà utilisé, en l’occurrence le Booster 14, qui avait servi au Vol 7. Bien que SpaceX n’ait pas prévu de le récupérer cette fois, le test visait à affiner le profil de vol et à optimiser la consommation de carburant. Le Super Heavy a parfaitement rempli cette mission… jusqu’au moment de sa tentative de retour contrôlé, qui s’est soldée par sa destruction au moment de l’allumage final.
Trois vols, trois fins prématurées… mais un programme qui avance
Avec ce troisième vol d’essai consécutif à ne pas réussir sa rentrée, certains pourraient voir une série d’échecs. Mais pour SpaceX, il s’agit de vols expérimentaux, destinés précisément à détecter et corriger ces problèmes. Chaque essai apporte son lot de données cruciales, et les améliorations sont visibles d’un vol à l’autre.
D’ailleurs, Elon Musk a annoncé que la cadence des vols allait s’accélérer, avec un lancement prévu toutes les 3 à 4 semaines. L’objectif ? Accumuler rapidement les retours d’expérience pour fiabiliser le système, notamment en vue de la mission Artemis 3, dont Starship est censé assurer l’alunissage de la NASA d’ici 2027.
Une ambition intacte
Malgré les imprévus, le message de SpaceX reste clair : la transparence, la rapidité de développement, et la prise de risque maîtrisée font partie intégrante de leur philosophie. Jared Isaacman, astronaute et entrepreneur, l’a souligné sur les réseaux sociaux : « Ce sont ces hauts et ces bas qui bâtiront l’avenir de l’exploration spatiale ».
Le Starship, avec sa taille gigantesque, ses capacités de transport inédites, et sa vision interplanétaire, n’est pas un simple lanceur. Il est l’outil d’un changement de paradigme : rendre l’espace accessible, abordable, et habité à grande échelle. Et même si le chemin est semé d’embûches, l’histoire montre que les grandes révolutions technologiques n’ont jamais été linéaires.