SpaceX vient de marquer une étape cruciale dans le développement de sa mégafusée Starship, la plus grande et la plus puissante fusée jamais construite. Ce quatrième vol d’essai a en effet démontré des avancées significatives pour le programme et renforce la vision de SpaceX pour un futur où les vols spatiaux réutilisables deviendront la norme. L’enthousiasme est tel que SpaceX pourrait même tenter de récupérer le booster Super heavy avec sa tour Mechazilla lors du prochain vol.
Une étape cruciale pour Starship
Avec ses 121 mètres de haut, le Starship est essentiel pour l’avenir de SpaceX. Le véhicule suscite également l’intérêt de la NASA. L’agence spatiale américaine a en effet sélectionné ce vaisseau pour déposer ses prochains astronautes sur la Lune dans le cadre du programme Artemis. Cependant, avant que des humains ne montent à bord, de nombreux vols d’essai seront nécessaires et cela n’arrivera probablement pas avant la fin de cette décennie. En revanche, l’objectif de récupération et de réutilisation de l’intégralité de la fusée semble à portée de main.
Le quatrième vol d’essai avait deux objectifs principaux : réussir le retour en mer du propulseur Super Heavy dans le golfe du Mexique et réaliser une rentrée contrôlée de l’étage supérieur, appelé Starship. Pour la première fois, les deux éléments ont non seulement été lancés avec succès depuis le site Starbase de SpaceX près de Brownsville, au Texas, mais ils sont également revenus sur Terre pour des amerrissages contrôlés.
Les vues en direct des caméras à bord de la fusée, relayées au sol grâce au réseau haut débit Starlink de SpaceX, ont témoigné de l’incroyable difficulté de la manœuvre, révélant du plasma violet et orange entourant le véhicule de 50 mètres de haut alors qu’il fendait l’atmosphère au-dessus de l’océan Indien à plus de 20 000 km/h.
La tenue du bouclier thermique
Les ingénieurs de SpaceX étaient particulièrement intéressés par les performances du bouclier thermique de Starship. Constitué de quelque 18 000 carreaux de céramique hexagonaux, il doit en effet résister à des températures pouvant atteindre 1 430° Celsius lors de la rentrée dans le but de protéger la structure principale de Starship fabriquée en acier inoxydable.
Or, malgré des dommages apparents à l’un des volets de commande et la perte de plusieurs carreaux de protection thermique en céramique, le vaisseau a réussi à maintenir le contrôle et à atterrir en douceur. Cet exploit témoigne de l’incroyable résilience de cet acier aux hautes températures. SpaceX continuera néanmoins de perfectionner son métal dans le but de résister à des températures encore plus élevées.

Quelle est la prochaine étape ?
Le cinquième vol d’essai pourrait avoir lieu dans quelques semaines à peine. Si la Federal Aviation Administration (FAA) a ordonné des enquêtes après les trois premiers lancements, ce ne sera probablement pas le cas cette fois. D’ailleurs, SpaceX est déjà en train de tester sa nouvelle fusée.
Au cours de ce prochain vol, SpaceX visera à démontrer que le moteur Raptor de Starship peut redémarrer dans l’espace, ce qui permettra au vaisseau de se placer en orbite terrestre basse et de se guider en toute sécurité vers la rentrée. Les ingénieurs pourraient également apporter des modifications au bouclier thermique du Starship pour remédier à la perte de tuiles rencontrée lors du quatrième vol.
Elon Musk a également exprimé son ambition de tenter de ramener le booster à Starbase pour un tenter de le rattraper avec les bras de sa tour Mechazilla. Dans le détail, ces bras mécaniques sont conçus pour attraper le booster Super Heavy lorsqu’il revient sur Terre après avoir propulsé Starship dans l’espace. Ainsi, au lieu d’atterrir sur une barge en mer ou sur le sol, le booster est capturé en vol par ces bras, ce qui permet de le stabiliser et de le déposer en toute sécurité sur la rampe de lancement. Voici une simulation ci-dessous :
En capturant le booster de cette manière, SpaceX espère réduire considérablement le temps nécessaire pour réviser et réutiliser les fusées. Naturellement, la capture en vol nécessite une grande précision et coordination. Les bras de Mechazilla seront ainsi contrôlés par des systèmes avancés chargés de calculer la trajectoire du booster et ajustent les mouvements en temps réel pour assurer une capture sûre et précise.
Pour l’heure, ce système n’a encore jamais été testé en conditions réelles. Le prochain vol pourrait donc être particulièrement intéressant de ce point de vue.