SpaceX : Gwynne Shotwell revient sur une annĂ©e exceptionnelle et parle de l’avenir

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Gwynne Shotwell. Crédits : Taylor Hill / FilmMagic

Gwynne Shotwell, la prĂ©sidente et directrice de l’exploitation de SpaceX, est rĂ©cemment revenue sur les exploits accomplis par la sociĂ©tĂ© en 2020, Ă©voquant notamment les premières missions habitĂ©es vers l’ISS. Elle se dit Ă©galement très confiante quant Ă  la capacitĂ© du Starship Ă  atteindre l’orbite terrestre cette annĂ©e.

Une année complètement folle

Shotwell, ingĂ©nieure de formation dans le domaine de l’aĂ©rospatiale, a rejoint SpaceX en 2002 quelques mois après qu’Elon Musk ait fondĂ© la sociĂ©tĂ©. Au dĂ©part, son travail consistait Ă  vendre les services de lancement de la petite fusĂ©e Falcon 1 dĂ©veloppĂ©e par l’entreprise. Puis au fil du temps, Shotwell a gagnĂ© la confiance de Musk et vice versa, et a vu ses responsabilitĂ©s croĂ®tre. En 2008, elle est alors devenue la PrĂ©sidente et Directrice de l’exploitation chez SpaceX. Autrement dit, elle est le bras droit direct d’Elon Musk.

Or, Shotwell est rĂ©cemment revenue sur le bilan positif de sa sociĂ©tĂ© en 2020. Au milieu de la pandĂ©mie, SpaceX s’est en effet illustrĂ©e en Ă©tablissant son record de lancements en une annĂ©e (26 au total), en propulsant de premiers astronautes dans l’espace (direction l’ISS) et en entamant les tests de son futur vaisseau Starship. Oh, et la sociĂ©tĂ© est accessoirement Ă©galement devenue le plus grand opĂ©rateur de satellites au monde avec son service Internet Starlink !

« Ce fut une année de moments forts« , a-t-elle déclaré dans une interview. Cependant, envoyer des astronautes en orbite était probablement le plus important. « Emmener Bob (Behnken) et Doug (Hurley) en orbite et les ramener en toute sécurité, surtout pendant cette période, était vraiment génial« , a-t-elle ajouté.

Les deux missions d’Ă©quipage historiques opĂ©rĂ©es cette annĂ©e sont d’ailleurs en grande partie Ă  mettre au crĂ©dit de Shotwell qui entretient depuis quinze ans une relation saine et constructive avec la NASA. C’est en effet elle qui, en 2006, fut Ă  l’origine du premier contrat de SpaceX avec l’agence amĂ©ricaine, ce qui permit Ă  la sociĂ©tĂ© de commencer Ă  transporter du fret vers l’ISS.

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Gwynne Shotwell. Crédits : NASA / Kim Shiflett

Le choix du booster appartient Ă  SpaceX

Shotwell est Ă©galement occupĂ©e Ă  travailler avec des clients de satellites commerciaux dans le but de les rendre plus Ă  l’aise avec la rĂ©utilisation des boosters Falcon 9. La grande majoritĂ© des lancements de SpaceX s’appuient aujourd’hui sur de premiers Ă©tages dĂ©jĂ  pilotĂ©s, mais tous ces vols ne pourraient Ăªtre possibles sans le travail de Shotwell qui tient Ă  ce que SpaceX garde la main sur les services proposĂ©s.

Autrement dit, Ă  moins qu’un client n’ait un argument solide, le choix du booster Ă  utiliser est laissĂ© Ă  SpaceX. « Vous achetez un service de lancement, et nous vous fournirons le meilleur vĂ©hicule possible dans les dĂ©lais dont vous avez besoin pour voler« , explique-t-elle.

En vĂ©ritĂ©, il n’a pas Ă©tĂ© particulièrement difficile de convaincre les clients de payer pour des fusĂ©es ayant dĂ©jĂ  volĂ©. Selon elle, il a mĂªme Ă©tĂ© plus facile de vendre la rĂ©utilisation des boosters que les premiers lancements des Falcon 1 et Falcon 9. Et pour cause, la sociĂ©tĂ© a rĂ©alisĂ© ce qu’elle avait promis de faire : dĂ©velopper et piloter des lanceurs fiables et bon marchĂ©.

« De toute Ă©vidence, les gens en viennent Ă  faire confiance aux organisations qui font ce qu’elles disent qu’elles vont faire« , dit-elle. « Nous avons dit que nous allions nous mettre en orbite avec la Falcon 1, et nous l’avons fait. Ensuite, nous avons dit que nous allions nous mettre en orbite avec la Falcon 9, et nous l’avons fait. Nous avons dit que nous atteindre l’ISS, et nous l’avons fait. Alors forcĂ©ment, les argumentaires de vente sont devenus beaucoup moins difficiles au fil du temps« .

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La fusĂ©e Falcon 9 s’envole pour l’espace samedi 30 mai 2020. CrĂ©dits : NASA

« Cette industrie doit faire mieux »

Shotwell a Ă©galement commencĂ© Ă  vendre les services du Starship, encore en phase de tests. En mars 2020, la sociĂ©tĂ© a mĂªme publiĂ© un premier « guide d’utilisateur » pour ses futurs clients et des discussions sont en cours. Cependant, Shotwell souligne que la sociĂ©tĂ© vend essentiellement des « capacitĂ©s de lancement », et non des vĂ©hicules en particulier.

« Nous avons signĂ© des accords oĂ¹ nous pouvons choisir de piloter une Falcon ou un Starship« , explique-t-elle. « Nous voulons fournir des services de lancement, et nous voulons les fournir de la manière la plus rentable et la plus fiable pour nous et nos clients« . Autrement dit, en cas de problèmes techniques avec le Starship ou bien selon le calendrier, la sociĂ©tĂ© sera en mesure d’honorer ses contrats en se rabattant sur des vĂ©hicules Falcon 9 et Falcon Heavy.

Toutefois, Shotwell souligne que SpaceX a dĂ©jĂ  fait d’Ă©normes progrès avec son programme de tests Starship. D’ailleurs, elle s’est Ă©galement dite très confiante quant Ă  la capacitĂ© du vaisseau Ă  atteindre l’orbite terrestre en 2021, elle qui est connue pour Ăªtre de nature plus prudente qu’Elon Musk. C’est donc une excellente nouvelle.

En outre, SpaceX construit des prototypes Starship Ă  un rythme effrĂ©nĂ© : un par mois environ. L’ampleur du projet et la vitesse Ă  laquelle l’entreprise dĂ©veloppe ces Ă©normes fusĂ©es sont sans prĂ©cĂ©dent dans l’industrie spatiale. « Nous ne le faisons pas pour embarrasser les gens, mais nous sommes heureux de fournir des exemples sur la façon dont cette industrie peut faire mieux« , assure-t-elle. « Et cette industrie mĂ©rite d’Ăªtre meilleure« .