L’US Space Force montre les muscles avec une doctrine fondamentale

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Crédits : USSF

L’US Space Force vient de publier une doctrine de 41 pages. Le document détaille les principes de base sur lesquels s’appuieront les différents plans d’action de cette nouvelle branche militaire dans l’espace.

Il y a un peu plus de deux ans, le Président américain Donald Trump déclarait son intention de développer une force spatiale américaine. Supervisée par le chef d’État-Major Joseph Dunford, elle deviendrait alors la sixième branche indépendante de l’armée du pays. « Il ne suffit pas d’avoir une simple présence américaine dans l’espace. Il doit y avoir domination américaine dans l’espace. Nous allons avoir une Force spatiale », avait-il déclaré à l’époque.

Cette nouvelle branche militaire vient de publier sa première doctrine. Ce document de 41 pages, intitulé « Spacepower », explique pourquoi cette puissance spatiale est vitale pour le pays, mais aussi quelles en sont précisément les forces, ce qu’elles valorisent et comment elles seront utilisées.

« Cette première publication servira également de base à partir de laquelle pourront s’ajouter de de nouvelles doctrines à mesure que l’US Space Force évoluera et réagira aux conditions changeantes« , écrit le Général Jay Raymond, chef des opérations de cette nouvelle branche militaire.

Et d’ajouter : « En bref, ce document de synthèse est le fondement de notre corpus professionnel de connaissances alors que nous forgeons un service militaire indépendant engagé dans les opérations spatiales« .

Protéger les intérêts américains

« Spacepower » expose l’importance cruciale de cette « frontière finale », que les responsables militaires américains considèrent depuis longtemps comme le terrain de jeu ultime.

« La force et la sécurité dans l’espace permettent la liberté d’action dans d’autres domaines de la guerre tout en contribuant à la sécurité et à la stabilité internationale« , indique le document, dans une section intitulée « La puissance spatiale militaire : principes directeurs ».

« Les États-Unis doivent adapter leurs organisations spatiales de sécurité nationale, leur doctrine et leurs capacités pour dissuader et vaincre l’agression et protéger les intérêts nationaux dans l’espace« , peut-on lire également.

Un second principe directeur énoncé insiste sur l’importance de la flexibilité et de l’adaptabilité face à un environnement de menaces en évolution rapide. Aussi, la Force spatiale des États-Unis valorisera « l’agilité organisationnelle, l’innovation et l’audace« . Il s’agira également de « considérer les prises de risques mesurées comme des opportunités d’apprendre et de s’adapter rapidement« .

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Couverture de la nouvelle doctrine de l’USSF, intitulée « Spacepower ». Crédits : USSF

Un nouvel espace de combat

Une branche militaire consacrée à l’espace est désormais nécessaire pour aborder la « réalité actuelle selon laquelle nos adversaires ont fait de l’espace un domaine de combat« , lit-on également dans un communiqué de l’USSF.

Si elles ne sont pas directement citées, la Chine et la Russie sont évidemment ciblées. La Chine est en effet déjà capable d’abattre des missiles dans l’espace. La Russie travaillerait quant à elle sur un système laser capable d’éliminer les satellites.

Ainsi, la militarisation de l’espace, qui jusqu’ici restait un terrain vierge, semble progresser à toute vitesse. Par ce nouveau document, l’US Space Force témoigne de son intention de rejoindre la partie.

Notons qu’actuellement, le Traité sur l’espace extra-atmosphérique, entré en vigueur en 1967, interdit aux pays de placer des bombes nucléaires et d’autres armes de destruction massive dans l’espace. Il en va de même pour « établir des bases militaires, des installations ou des fortifications, tester des armes de toute sorte ou mener des manœuvres militaires« .

En revanche, rien dans ce traité n’empêche l’établissement d’une « force spatiale », tant que ses activités ne violent pas les termes du Traité. Les armes conventionnelles, telles que les satellites « antisatellites », sont de leur côté autorisées en vertu des dispositions actuelles du traité.

Sur le papier, en cas de conflit majeur, des pays pourraient donc s’efforcer de bloquer ou de détruire les ressources spatiales de nations rivales, y compris les satellites GPS, de surveillance et de communication.