Sous pression d’ONG et de l’État, Engie renonce à un énorme contrat sur le gaz

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Crédits : PxHere

Mis sous pression de l’État et d’organisations environnementales, le groupe industriel énergétique français Engie a renoncé à un énorme contrat avec NextDecade, fournisseur de gaz de schiste étasunien. Cette nouvelle pourrait tendre les futures relations commerciales entre la France et les États-Unis.

Un énorme contrat abandonné

Comme l’explique Le Figaro dans un article du 3 novembre 2020, l’énergéticien français Engie n’a pas donné suite aux discussions commerciales avec la société étasunienne NextDecade. Il était question d’un projet de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance du bassin permien.

Cet engagement sur une période de vingt ans prévoyait un investissement d’environ six milliards d’euros pour un achat de 2,9 millions de tonnes maximum chaque année. En signant cet accord, Engie se serait donc engagé à importer chaque année entre 2025 et 2045 jusqu’à 36 cargos de gaz de schiste liquéfié. Engie a décidé d’abandonner le projet après s’être posé un certain nombre de questions, dont celle de l’impact environnemental. Néanmoins, les responsables ont affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une question majeure dans l’abandon du projet.

Rappelons tout de même que le gaz de schiste provient de la décomposition de l’argile. Bien que naturel, celui-ci nécessite un forage, car il se trouve emprisonné dans la roche entre 1 et 3 km de profondeur. Il est donc nécessaire d’utiliser la fracturation hydraulique afin de briser les roches. Or, il s’agit d’une solution logiquement très gourmande en eau. L’exploitation du gaz de schiste provoque d’autres impacts sur l’environnement. Citons les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la pollution des nappes phréatiques et de l’air. De plus, l’eau utilisée est également contaminée avant d’impacter à son tour la végétation. Par ailleurs, il s’avère que la fracturation hydraulique rend les sols instables, d’où un risque accru de séismes.

bassin permien
NextDecade exploite le bassin permien, s’étalant de l’ouest du Texas au sud-est du Nouveau-Mexique. Il s’agit de la plus importante région de production d’hydrocarbures au monde.
Crédits : Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS)

Des pressions de la part d’ONG et de l’État

Par ailleurs, le groupe industriel a subi des pressions de la part de l’État (actionnaire à 23,64 %) pour renoncer au contrat. Il faut dire que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait lors du Climate Finance Day du 29 octobre 2020 appelé l’ensemble des acteurs financiers de la Place de Paris à se doter au plus vite d’une stratégie de sortie des pétroles et gaz non conventionnels. En réaction, le sénateur républicain Kevin Cramer a envoyé une lettre au président Emmanuel Macron indiquant que l’intervention de l’État français dans cette affaire pourrait avoir des effets néfastes sur le futur des relations commerciales entre les deux pays.

Certaines associations de défense de l’environnement avaient également fait pression sur Engie. Citons notamment Les amis de la terre France, ayant également épinglé la banque française Société Générale. L’ONG a reproché à cette banque d’être le « dernier soldat français du gaz de schiste américain ». 

Vers une poursuite de la hausse des tarifs du gaz ?

Le 1er novembre dernier, les tarifs réglementés de vente hors taxes et CTA d’Engie ont déjà augmenté de 0,8 €/MWh. Cette progression s’expliquerait par « par les évolutions des prix du gaz sur les marchés internationaux et notamment sur le marché du gaz naturel liquéfié », indique la Commission de Régulation de l’Énergie. Avec ce nouveau renoncement, l’inquiétude est donc de mise pour certains citoyens désirant souscrire un nouveau contrat de gaz en 2021.

Comme le rappelle le site Ma Petite Energie, le prix des abonnements dépendent de divers éléments car il existe des particularités chez chaque fournisseur. Il faut ainsi savoir que trois paramètres permettent de définir les tarifs d’un contrat de gaz. Citons le prix du kWh de gaz en fonction de la consommation, l’économie moyenne à réaliser sur une année d’abonnement au gaz et les différents types de promotions pouvant impacter le prix final de l’abonnement et du kWh de consommation. Avec la multiplication des fournisseurs d’énergie depuis l’ouverture du marché à la concurrence, les offres sont nombreuses. En prenant en compte ces différents critères, les citoyens peuvent alors trouver le contrat de gaz le plus en phase avec leurs besoins. L’émergence d’offres respectueuses de l’environnement permet même à ceux qui y sont sensibles de traduire leur engagement pour la planète, ce qui n’aurait pas été le cas du partenariat mis en place par Engie avec le géant américain.