Des chercheurs ont découvert tout à fait par hasard que toutes les espèces d’un genre de souris développent des queues secrètement renforcées d’écailles osseuses. Auparavant, un seul groupe de mammifères, les tatous, était connu pour posséder de telles écailles.
Les souris épineuses du genre Acomys sont de petits rongeurs appartenant à la famille des Muridés. Elles sont principalement présentes en Afrique du Nord et dans certaines régions d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale. Ces souris sont nommées ainsi en raison de leurs poils durs et renforcés qui forment une crête le long de leur dos. Cette caractéristique leur offre une certaine protection contre les prédateurs. Ces rongeurs sont habitués aux milieux arides et ont également de grands yeux ainsi que des oreilles relativement petites.
Des ostéodermes dans la queue
Edward Stanley, spécialiste de l’imagerie numérique au Florida Museum of Natural History, a récemment scanné plusieurs espèces de souris épineuses dans le cadre d’un projet en cours visant à étudier 20 000 vertèbres provenant de musées et d’universités américaines.
Pour ce faire, il a utilisé un tomodensitomètre pour créer des images détaillées de leurs structures internes. Les analyses ont alors montré la présence d’écailles osseuses (appelées ostéodermes) nichées sous la couche externe de peau de la queue des souris.
Pour rappel, les ostéodermes sont des structures osseuses ou cornées présentes dans la peau de certains animaux, principalement des reptiles et des poissons. Ils servent généralement de protection en formant une sorte d’armure ou de carapace externe. Les ostéodermes, généralement disposés de manière régulière, varient en taille, en forme et en épaisseur selon les espèces.
Chez les mammifères, on pensait jusqu’à présent que seuls les tatous en avaient développé. Ces structures auraient évolué pour permettre à ces animaux de se défendre contre les prédateurs. C’est probablement la raison pour laquelle les tatous peuvent se replier sur eux-mêmes en formant une boule compacte en cas de danger.
Ici, les chercheurs postulent que les souris épineuses utilisent également leur queue osseuse comme mécanisme de défense contre les prédateurs plutôt que pour se battre.
Des souris privées de kératine
Ces analyses ont également révélé trois autres informations. En premier lieu, ces ostéodermes auraient une forme et une structure similaires à celles trouvées dans les restes fossilisés de paresseux éteints qui possédaient aussi des écailles osseuses. Cela montre que ces plaques protectrices ont évolué davantage à travers l’arbre évolutif des mammifères qu’on ne le pensait auparavant.
Des expériences de suivi ont par ailleurs montré que les ostéodermes se développent chez les souris épineuses environ six semaines après la naissance.
Enfin, les chercheurs ont utilisé un type d’analyse génétique connu sous le nom de séquençage d’ARN pour identifier les gènes sous-jacents impliqués dans la formation de ces écailles. Il est alors apparu que les souris avaient désactivé les gènes responsables de la production de kératine (une protéine présente sous la peau dans d’autres queues de souris, ainsi que dans les cheveux et les ongles humains) pour activer les gènes de l’ostéoderme à la place. Cependant, la raison de ce « choix évolutif » reste encore indéterminée.