Sommes-nous la seule civilisation avancée dans l’Univers ?

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Sommes-nous les seuls êtres doués d’intelligence dans l’Univers observable ? C’est fort probable, selon de récentes estimations basées sur nos connaissances actuelles.

Le paradoxe de Fermi aborde la disparité apparente entre la probabilité attendue que la vie intelligente soit abondante dans l’Univers et le manque apparent de preuves de l’intelligence extraterrestre. Depuis que Enrico Fermi a posé pour la première fois la question qui résume ce paradoxe (« Où est tout le monde ? »), les scientifiques ont tenté d’expliquer cette disparité d’une manière ou d’une autre. Pour trois chercheurs de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), qui réévaluent l’équation de Drake – la fameuse équation proposée par l’astronome Frank Drake dans les années 1960 – il semble probable que l’humanité soit finalement seule dans l’Univers observable.

Pour cette étude, Anders Sanberg, chercheur à l’Institut de l’avenir de l’humanité à l’Université d’Oxford, Eric Drexler, ingénieur renommé qui a popularisé le concept de la nanotechnologie et Tod Ord, célèbre philosophe moral australien de l’Université d’Oxford, jettent ainsi un nouveau regard sur l’équation. Celle-ci indique le nombre de civilisations (N ) dans notre Galaxie en multipliant le taux moyen de formation d’étoiles qui s’y déroule (R *), la fraction de ces étoiles qui ont des planètes (f p), le nombre de planètes qui peuvent réellement soutenir la vie (n e) et celles qui la développeront (f l), le nombre d’entre elles qui abriterons la vie intelligente (f i), le nombre de civilisations qui développeraient la transmission technologies (f c ), et le temps que ces civilisations devraient mettre pour transmettre leurs signaux dans l’espace (L). Mathématiquement, l’équation s’exprime ainsi :

N = R * x f p x n e x f l x f i x f c x L

Les chercheurs ont ici reconsidéré les paramètres de l’équation en incorporant des modèles de transitions chimiques et génétiques sur les chemins de l’origine de la vie. À partir de là, ils montrent qu’il existe une quantité considérable d’incertitudes scientifiques qui s’étendent sur plusieurs ordres de grandeur. Comme le note le docteur Sanberg : « De nombreux paramètres sont très incertains compte tenu des connaissances actuelles. Alors que nous en avons appris beaucoup plus sur certains principes astrophysiques depuis Drake et Sagan dans les années 1960, nous ignorons encore beaucoup de choses concernant la vie. Quand les gens discutent de l’équation, poursuit-il, il n’est pas rare de les entendre dire quelque chose comme : “ce paramètre est incertain”. Le problème, c’est que les résultats se basent ainsi sur des suppositions, présentés en tant que nombres uniques, et cela nous permet d’avoir une estimation “apparemment” exacte ».

À ce titre, Sanberg, Drexler et Ord ont considéré les paramètres de l’équation comme des plages d’incertitude. Au lieu de se concentrer sur la valeur qu’ils pourraient avoir, ils se sont penchés sur les valeurs les plus grandes et les plus petites qu’ils pourraient avoir sur la base des connaissances actuelles. Alors que certaines valeurs sont devenues bien définies – telles que le nombre de planètes dans notre Galaxie, et le nombre de celles évoluant dans la zone habitable d’une étoile – d’autres restent beaucoup plus incertaines. En combinant ces incertitudes, les chercheurs ont alors eu une estimation de la probabilité que l’humanité est bel et bien seule dans la Galaxie. Selon leurs calculs, le chiffre est de 30 %.

La probabilité d’avoir une vie sur une autre planète présente en effet une incertitude « extrême » compte tenu de ce que nous savons actuellement. Ainsi, nous ne pouvons pas exclure que cela arrive, mais nous ne pouvons pas non plus perdre de vu le fait qu’elle soit également astronomiquement rare. Cela conduit à une incertitude encore plus forte sur le nombre de civilisations, ce qui nous amène à conclure qu’il y a une probabilité assez grande que nous soyons seuls.

En fin de compte, les conclusions de l’équipe ne signifient pas que l’humanité est seule dans l’Univers, ou que les chances de trouver des preuves de civilisations extraterrestres (passées et présentes) sont improbables. Au lieu de cela, cela signifie simplement que nous pouvons dire avec plus de confiance – sur la base de ce que nous savons – que l’humanité est probablement la seule espèce intelligente dans la Voie lactée à l’heure actuelle.

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