Lâeffet Flynn – nommĂ© dâaprĂšs le travail du chercheur en intelligence James Flynn – avait observĂ© des augmentations rapides du quotient intellectuel au 20e siĂšcle, Ă un taux dâenviron 3 points de QI par dĂ©cennie. Or, de nouvelles recherches suggĂšrent que ces jours prospĂšres sont rĂ©volus.
Une analyse de quelque 730 000 rĂ©sultats de tests de QI par des chercheurs du Centre de recherche Ă©conomique Ragnar Frisch, en NorvĂšge, rĂ©vĂšle effectivement que lâeffet Flynn aurait atteint son apogĂ©e pour les personnes nĂ©es au milieu des annĂ©es 1970, avant de considĂ©rablement diminuer depuis. «âCâest la preuve la plus convaincante dâun renversement de lâeffet Flynnâ», explique le psychologue Stuart Ritchie de lâUniversitĂ© dâĂdimbourg (Royaume-Uni), qui nâĂ©tait pas impliquĂ© dans lâĂ©tude. «âSi vous supposez que leur modĂšle est correct, alors ces rĂ©sultats sont assez inquiĂ©tantsâ».
Les chercheurs ont ici extrait leurs donnĂ©es des rĂ©sultats des tests de QI dâhommes norvĂ©giens ĂągĂ©s de 18 Ă 19 ans, qui ont passĂ© les tests dans le cadre de leur service militaire national obligatoire. Entre les annĂ©es 1970 et 2009, 730 000 rĂ©sultats de tests ont ainsi pu ĂȘtre compilĂ©s. Les rĂ©sultats montrent quâun tournant de lâeffet Flynn sâest bel et bien produit pour les personnes nĂ©es aprĂšs 1975, avec lâĂ©quivalent de 7 points de QI de moins par gĂ©nĂ©ration. Une recherche antĂ©rieure, qui avait examinĂ© les QI des adolescents britanniques il y a prĂšs dâune dĂ©cennie, avait observĂ© des rĂ©sultats similaires. Il vaut tout de mĂȘme la peine de le souligner que ces derniers rĂ©sultats proviennent dâun seul Ă©chantillon norvĂ©gien (quoique particuliĂšrement consĂ©quent).
La baisse de lâintelligence ne doit rien ni aux gĂšnes ni Ă la sociologie, dâaprĂšs les chercheurs. «âSi de tels facteurs peuvent ĂȘtre prĂ©sents, leur influence est nĂ©gligeable comparĂ©e Ă dâautres facteurs environnementauxâ», ont-ils affirmĂ©. Ils suggĂšrent en revanche que les changements dans le style de vie pourraient ĂȘtre Ă lâorigine de ces faibles QI, et trouveraient leur dĂ©clenchement dans la façon dont les enfants sont Ă©duquĂ©s et Ă©levĂ©s. Ils retiennent ici le «âdĂ©clin des valeurs Ă©ducationnellesâ», la «âdĂ©gradation des systĂšmes Ă©ducatifs et scolairesâ», la «âtĂ©lĂ©vision et les mĂ©diasâ», la «âdĂ©gradation de lâĂ©ducation au sein des famillesâ», la «âdĂ©gradation de la nutritionâ» ou encore la «âdĂ©gradation de la santĂ©â».
Une autre possibilitĂ© est que les tests de QI ne sont tout simplement pas adaptĂ©s pour quantifier avec prĂ©cision une estimation de lâintelligence des populations plus modernes. Ils favoriseraient des formes de raisonnement enseignĂ©es formellement, qui peuvent ĂȘtre moins prĂ©gnantes dans lâĂ©ducation contemporaine et les modes de vie des plus jeunes. Une autre hypothĂšse selon laquelle lâarrivĂ©e dâenfants immigrĂ©s venus de pays au systĂšme scolaire qui serait moins performant a par ailleurs Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e, ceux-ci nâayant pas Ă©tĂ© inclus dans lâĂ©tude.
Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans les Actes de la National Academy of Sciences.
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