Sommes-nous de plus en plus bĂȘtes ?

intelligence QI
Crédits : Pixabay / geralt

L’effet Flynn – nommĂ© d’aprĂšs le travail du chercheur en intelligence James Flynn – avait observĂ© des augmentations rapides du quotient intellectuel au 20e siĂšcle, Ă  un taux d’environ 3 points de QI par dĂ©cennie. Or, de nouvelles recherches suggĂšrent que ces jours prospĂšres sont rĂ©volus.

Une analyse de quelque 730 000 rĂ©sultats de tests de QI par des chercheurs du Centre de recherche Ă©conomique Ragnar Frisch, en NorvĂšge, rĂ©vĂšle effectivement que l’effet Flynn aurait atteint son apogĂ©e pour les personnes nĂ©es au milieu des annĂ©es 1970, avant de considĂ©rablement diminuer depuis. « C’est la preuve la plus convaincante d’un renversement de l’effet Flynn », explique le psychologue Stuart Ritchie de l’UniversitĂ© d’Édimbourg (Royaume-Uni), qui n’était pas impliquĂ© dans l’étude. « Si vous supposez que leur modĂšle est correct, alors ces rĂ©sultats sont assez inquiĂ©tants ».

Les chercheurs ont ici extrait leurs donnĂ©es des rĂ©sultats des tests de QI d’hommes norvĂ©giens ĂągĂ©s de 18 Ă  19 ans, qui ont passĂ© les tests dans le cadre de leur service militaire national obligatoire. Entre les annĂ©es 1970 et 2009, 730 000 rĂ©sultats de tests ont ainsi pu ĂȘtre compilĂ©s. Les rĂ©sultats montrent qu’un tournant de l’effet Flynn s’est bel et bien produit pour les personnes nĂ©es aprĂšs 1975, avec l’équivalent de 7 points de QI de moins par gĂ©nĂ©ration. Une recherche antĂ©rieure, qui avait examinĂ© les QI des adolescents britanniques il y a prĂšs d’une dĂ©cennie, avait observĂ© des rĂ©sultats similaires. Il vaut tout de mĂȘme la peine de le souligner que ces derniers rĂ©sultats proviennent d’un seul Ă©chantillon norvĂ©gien (quoique particuliĂšrement consĂ©quent).

La baisse de l’intelligence ne doit rien ni aux gĂšnes ni Ă  la sociologie, d’aprĂšs les chercheurs. « Si de tels facteurs peuvent ĂȘtre prĂ©sents, leur influence est nĂ©gligeable comparĂ©e Ă  d’autres facteurs environnementaux », ont-ils affirmĂ©. Ils suggĂšrent en revanche que les changements dans le style de vie pourraient ĂȘtre Ă  l’origine de ces faibles QI, et trouveraient leur dĂ©clenchement dans la façon dont les enfants sont Ă©duquĂ©s et Ă©levĂ©s. Ils retiennent ici le « dĂ©clin des valeurs Ă©ducationnelles », la « dĂ©gradation des systĂšmes Ă©ducatifs et scolaires », la « tĂ©lĂ©vision et les mĂ©dias », la « dĂ©gradation de l’éducation au sein des familles », la « dĂ©gradation de la nutrition » ou encore la « dĂ©gradation de la santé ».

Une autre possibilitĂ© est que les tests de QI ne sont tout simplement pas adaptĂ©s pour quantifier avec prĂ©cision une estimation de l’intelligence des populations plus modernes. Ils favoriseraient des formes de raisonnement enseignĂ©es formellement,  qui peuvent ĂȘtre moins prĂ©gnantes dans l’éducation contemporaine et les modes de vie des plus jeunes. Une autre hypothĂšse selon laquelle l’arrivĂ©e d’enfants immigrĂ©s venus de pays au systĂšme scolaire qui serait moins performant a par ailleurs Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e, ceux-ci n’ayant pas Ă©tĂ© inclus dans l’étude.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans les Actes de la National Academy of Sciences.

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