Le Soleil avait-il une soeur il y a 4,5 milliards d’annĂ©es ?

Ă©toile binaire
Crédits : ESO

Le Soleil avait-il une sÅ“ur il y a 4,5 milliards d’annĂ©es ? Probablement et la plupart des Ă©toiles (sinon toutes) seraient nĂ©es avec un compagnon selon une Ă©tude acceptĂ©e pour publication dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society. Mais si notre Soleil avait une sÅ“ur, oĂ¹ peut-elle bien Ăªtre ?

Beaucoup d’étoiles ont des compagnons, y compris notre voisine la plus proche, Alpha Centauri, qui est en fait un système triple. Les systèmes binaires sont majoritaires dans l’Univers et les astronomes ont longtemps cherché une explication à ce phénomène. Les systèmes doubles ou triples sont-ils nés de cette façon ? Une ou plusieurs étoiles ont-elles été capturées par une autre ? Les étoiles binaires se divisent-elles parfois pour évoluer en solitaire ?
Analysant les donnĂ©es d’une enquĂªte radio menĂ©e sur un nuage de poussière dans la constellation de la Perse, deux chercheurs de l’UC Berkeley et de l’Observatoire astrophysique de Harvard-Smithsonian concluent aujourd’hui que toutes les Ă©toiles semblables au Soleil sont probablement nĂ©es avec un compagnon.

Dans le cadre de leur enquĂªte, ils ont cartographiĂ© les ondes radio provenant d’un cocon de poussière dense Ă  environ 600 annĂ©es-lumière qui contenait toute une garderie de jeunes Ă©toiles. Le sondage a permis de recenser les Ă©toiles de moins d’un demi-million d’annĂ©es appelĂ©es « étoiles de classe 0 » (des bĂ©bĂ©s Ă©toiles donc) et celles Ă¢gĂ©es de 500 000 Ă  1 million d’annĂ©es appelĂ©es « étoiles de classe 1 ». Combinant ces donnĂ©es avec les formes du nuage de poussière environnant, les chercheurs ont alors trouvĂ© 45 Ă©toiles solitaires, 19 systèmes d’étoiles binaires et cinq autres contenant plus de deux Ă©toiles pour finalement conclure que la plupart des Ă©toiles formĂ©es Ă  l’intĂ©rieur des noyaux denses de poussière naissent avec un partenaire.

En analysant de plus près les distances entre les Ă©toiles, les chercheurs ont dĂ©couvert que toutes les binaires sĂ©parĂ©es par un espace de 500 AU ou plus (1 UA est la distance Terre-Soleil, soit environ 150 millions de kilomètres) Ă©taient de classe 0 et alignĂ©es avec l’axe du nuage en forme d’œuf qui les entoure. D’autre part, les Ă©toiles de classe 1 ont visiblement tendance Ă  Ăªtre plus proches, sĂ©parĂ©es d’environ 200 UA. Mais alors, si la plupart des Ă©toiles naissent avec un partenaire, oĂ¹ est celui du soleil ?

Une distance de 500 UA Ă©quivaut Ă  environ 0,008 annĂ©e-lumière ou un peu moins de 3 jours-lumière. Pour le mettre en perspective, Neptune est Ă  environ 30 UA, la sonde Voyager 1 est actuellement Ă  moins de 140 UA et l’étoile connue la plus proche, Proxima Centauri, est Ă  268 770 UA. Donc, si le soleil a effectivement eu une sÅ“ur, elle serait difficilement visible dans le quartier.

Un astronome de l’Université de Californie nommé Richard Muller proposait en effet il y a 23 ans qu’une étoile de type naine rouge située à 1,5 heure-lumière pourrait parcourir périodiquement les limites glacées de notre Système solaire en remuant le matériel environnant avec sa gravité. Une étoile décroissante de type naine brune pourrait également expliquer d’autres anomalies aux franges du Système solaire comme l’orbite étrange et large de la planète naine Sedna. Pour l’heure, il n’y a aucune trace de cet éventuel compagnon, mais les chercheurs en sont persuadés : le Soleil n’était pas seul à ses débuts. Dans ce cas, celui-ci aurait rassemblé la part du lion de la poussière et du gaz, laissant son jumeau sombre et rabougri.

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