Le Soleil est un objet d’étude fascinant et essentiel pour comprendre les phénomènes qui influencent directement la Terre. Grâce au vaisseau spatial Solar Orbiter, une mission conjointe de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de la NASA, les scientifiques ont obtenu les images les plus détaillées à ce jour de la surface de notre étoile. Ces observations, prises à une distance de 74 millions de kilomètres, révèlent la dynamique complexe du Soleil et ouvrent la voie à une meilleure compréhension de ses mécanismes.
Une étoile sous haute surveillance
Le vaisseau Solar Orbiter, lancé en 2020, a pour mission d’explorer le Soleil comme jamais auparavant. Parmi ses objectifs, l’étude des champs magnétiques, du vent solaire et des pôles du Soleil. Ces derniers n’ont encore jamais été observés directement et seront étudiés à partir de 2025. En attendant, les premières images prises en mars 2022 offrent un aperçu inédit de la surface solaire et de ses dynamiques.
Situé à une distance équivalente à environ la moitié de la distance entre la Terre et le Soleil, Solar Orbiter a capturé des détails incroyables grâce à ses instruments sophistiqués. Ces nouvelles données permettent aux scientifiques de mieux comprendre l’activité solaire dont les impacts peuvent se faire sentir jusqu’à notre planète.
Les granules solaires : le « grain » du Soleil
Les images montrent avec précision les granules solaires, de larges cellules de plasma d’environ 1 000 kilomètres de diamètre qui recouvrent la surface du Soleil. Ces structures sont le résultat d’un processus appelé convection : le plasma chaud monte à la surface, libère son énergie, puis redescend en refroidissant.
Ces granules témoignent du transport d’énergie intense au sein du Soleil. Leur observation permet de mieux comprendre comment l’énergie produite dans le cœur de l’étoile atteint la surface et se dissipe sous forme de lumière et de chaleur. Les instruments de Solar Orbiter permettent également de cartographier les vitesses et directions de ces mouvements, révélant ainsi une étoile en perpétuelle ébullition.
Les taches solaires : des régions froides et magnétiques
Parmi les découvertes majeures, Solar Orbiter a également fourni des cartes détaillées des taches solaires, à savoir les zones sombres visibles sur la photosphère. Ces dernières sont plus froides que le reste de la surface et apparaissent lorsque de puissants champs magnétiques empêchent le plasma chaud de monter à la surface.
L’étude des taches solaires est cruciale, car elles sont souvent le point de départ des éruptions solaires et des tempêtes magnétiques. Ces phénomènes, lorsqu’ils atteignent la Terre, peuvent perturber les réseaux électriques, les satellites et même les communications radio. Grâce aux données de Solar Orbiter, les chercheurs disposent désormais d’une vue détaillée des processus magnétiques à l’origine de ces perturbations.
Le vent solaire : un souffle chargé d’énergie
Les observations de Solar Orbiter ne se limitent pas à la surface du Soleil. La sonde a également capturé des images de la couronne solaire, l’atmosphère externe du Soleil. C’est de cette région que s’échappe le vent solaire, un flux constant de particules chargées qui voyage à travers le système solaire.
Ces particules, guidées par les champs magnétiques, forment parfois de vastes boucles de plasma qui connectent les taches solaires voisines. Ces structures peuvent être éjectées dans l’espace sous forme de tempêtes solaires, entraînant des aurores spectaculaires lorsqu’elles interagissent avec l’atmosphère terrestre. Comprendre comment ces vents solaires se forment et se propagent est un des objectifs clés de la mission.
Un défi technique relevé avec brio
Capturer ces images en haute résolution a représenté un véritable exploit technologique. Chaque mosaïque solaire est composée de 25 images individuelles prises sur une période de quatre heures. Ces images, couvrant des portions spécifiques du disque solaire, ont été assemblées pour créer une vue globale. Ce processus complexe de capture et d’assemblage a posé des difficultés, mais les chercheurs de l’ESA ont souligné que ces techniques seront désormais plus rapides à mettre en œuvre.